La stratégie d'une adaptation d'Ender
Amateur du livre, l'annonce de son adaptation en film a provoqué en moi des sentiments partagés.
Puis j'ai vu la bande-annonce du film, et j'ai eu peur, très peur : trop de spectacle, des éléments de l'intrigue directement révélés. Ça s'annonçait mal. Le film risquait de piquer un peu pour les connaisseurs.
Puis je l'ai vu. Et en fait ... c'est tout le contraire !
Comprenez par là que le film plaira certainement plus aux lecteurs qu'aux novices.
Comment se fait-ce ? Expliquons un peu :
Par je ne sais quel miracle, le film arrive à ne pas dénaturer le livre. Dans les limites du raisonnable en tout cas. Ender est plutôt bien rendu, l'entrainement militaire aussi, les différentes révélations sont toujours présentes, et plus ou moins bien amenées.
Tout y est. Sauf le rythme.
En 2h, il est difficile de tout rendre. Du coup, la relation d'Ender avec son frère est expliquée en 30 secondes. Le jeu-vidéo virtuel, fil rouge du livre, est lui aussi expédié illico-presto, et sa conclusion de même. Les différentes stratégies d'Ender sont mises en application, mais peu expliquées. On n'a donc pas vraiment l'impression qu'il pense plus qu'un autre, ou mieux qu'un autre. Cela va vite, trop vite.
Et donc, quand on connait les tenants et aboutissants à l'avance, on peut se poser et admirer le rendu visuel, la mise en scène, et on se souvient avec délectation des différentes parties manquantes du livre au fur et à mesure de l'avancement. J'imagine que par contre, quand on ne peut pas combler les manques, on se retrouvera un peu désarçonné par les enchainements rapides de scènes, et le manque d'explication des différents éléments.
Nous sommes donc en présence d'un film qui ne pourra être pleinement apprécié que par les connaisseurs. Un comble. Et cela explique certainement le fait qu'il se vautre au box-office.
Une œuvre que j'ai bien aimée, mais qui ne plaira pas à tout le monde. Dommage.