Après Rocky, Stallone est un peu le roi du pétrole, il est reconnu autant comme scénariste que comme comédien, il a le droit de proposer les projets les plus personnels si ça lui chante et ça tombe bien, il se lance donc dans la réalisation avec La Taverne de l’enfer, un joli petit film complètement méconnu aujourd’hui mais qu’il faut placer très haut dans sa filmographie, la faute aux années quatre-vingt qui arrivent…


Sylvester est un rital qui joue la débrouille dans le New-York interlope d’après-guerre, il a deux frangins, un intellectuel plutôt sombre boiteux pour héroïsme de guerre et Victor, un grand benêt tout en muscle qui livre des blocs énormes de glaces aux quelques pelés encore en manque de réfrigérateur…


Forcément, il y a aussi la petite bande de racketteurs du coin, le petit chef ignoble, le sbire vicieux et la grosse brute, Sylvester joue un peu avec le feu et se lance avec elle dans des paris plus ou moins douteux, il se rêve entrepreneur de bas étage, chacun à les rêves qu’il mérite…


C’est mignon de voir que pour une fois il se rend compte qu’il n’a pas le physique pour donner de sa personne, il a son frangin pour ça, un monstre, 130 kg, 1m96, un visage d’ange, comme un Brando transformé en Maciste avec une âme d’enfant…


Alors forcément, un animal pareil, ça lui donne des idées au petit futé, et si on faisait fortune dans le catch ?


Il y a tout Sylvester là-dedans, c’est aussi naïf que c’est bouleversant, on sent l’honnêteté dans tous les défauts du film, même les effets inutiles deviennent touchants, y’a pas à dire, avant de se perdre dans les suites idiotes de son Rambo, le bougre avait vraiment quelque chose à dire, presqu’à montrer… Ici, la photographie de László Kovács, so 70s, brouille un peu la crasse vivante et noble de ceux qui n’ont rien à perdre, ni à gagner… Il y a Anne Archer dont la chevelure flamboyante fait baver la pellicule, mais on regrettera un rôle un peu bancal, comme tout ce qui tourne autour d’elle dans l’histoire…


C’est dommage d’ailleurs, à un moment, Sly et Armand Assante se croient déjà dans Judge Dredd, les courbes d’évolution de leurs personnages se croisent sans trop de logique, comme si quelqu’un s’était rendu compte que Stallone en hâbleur cheveux longs avec boucle d’oreille et dialogues pitoyables, ça allait vite lasser le spectateur, ce qui n’est pas faux, mais de là à faire n’importe quoi…


Mais on s’en fiche en fait, la fin est absolument monstrueuse dans tous les sens du terme, je crois qu’il n’y a que Stallone réalisateur pour faire accepter des choses pareilles et, au milieu de l’enfer, émouvoir tout de même dans un mode résolument primitif, presque barbare, avec la force tragique des gens simples, son argument préféré, celui qu'il maîtrise le mieux…

Torpenn
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le 27 janv. 2014

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Torpenn

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