La pyramide inviolable

"La terre des pharaons " est un péplum consacré au pharaon Kheops, qui, ayant amassé une belle fortune au cours de ses guerres, voulait en disposer éternellement après sa mort; Il charge donc un esclave architecte de lui construire une pyramide inviolable. En échange de quoi il garantit la libération du peuple de l'architecte.
Ceci est la trame générale du film sur laquelle se greffe, bien entendu, plusieurs histoires de pouvoir, d'amour, de haines, de trahisons, de complots, etc ... Notons aussi que le film est relativement court pour le genre puisqu'il dure une centaine de minutes.
D'un point de vue historique, la pyramide de Kheops, qui est la plus grande, semble-t-il, a la réputation d'avoir été inviolée à ce jour. Le film comporte d'ailleurs toute une partie assez historico-didactique sur la construction de la pyramide et du fameux système d'inviolabilité. Je ne sais pas sur quelle vérité historique tout cela repose mais je suppose qu'on en est aujourd'hui réduit à imaginer des procédés probablement crédibles. De ce point de vue, le film s'est voulu plutôt réaliste et assez crédible : le transport des pierres par bateau, les accidents liés au levage de ces même pierres, le plan incliné pour grimper les pierres et construire le pyramide, etc
Hawks n'a pas réalisé beaucoup de péplums mais je dois dire que ce film est quand même un coup de maître : c'est d'abord une belle réflexion sur le pouvoir et sur la légitimité religieuse de ce pouvoir. C'est aussi une réflexion sur la vie dite terrestre et dans l'au-delà. Les funérailles des soldats morts glorieusement sont gaies (puisqu'ils vont renaître) alors que celles des traitres sont tristes (puisqu'ils vont définitivement disparaître.
Mais c'est aussi un réalisation technique d'ampleur avec ne serait-ce que la gestion de l'impressionnante foule que ce soit à la construction ou dans les manifestations religieuse. Il faut avouer aussi que la musique composé en partie de chœurs est de circonstance et accompagne magistralement les mouvements de caméra qui tournent sur 360° pour révéler l'envergure des travaux.
La durée des travaux étant d'une trentaine d'années, un soin particulier a été porté sur le vieillissement des acteurs.
Plusieurs scènes sont remarquables à cause de leur intensité dramatique
- la négociation à la dure de Nellifer pour faire admettre son point de vue chypriote de se vendre au pharaon en lieu et place de l'imposition.
- la scène du serpent où l'épouse royale se sacrifie pour sauver l'héritier.
- la scène où Khéops combat le taureau à mains nues, symbole d'Apis, symbole de fertilité et de force
- la scène finale, bien entendu, des funérailles de Pharaon.
Côté casting, tout repose essentiellement sur Jack Hawkins et Joan Collins
- Jack Hawkins qu'on verra par la suite dans de grands films comme "le pont de la rivière Kwaï". De films précédents, je ne l'avais vu que dans la "rose noire" dans un second rôle. Ici, son physique et sa stature en imposent. Il fallait bien ça pour figurer un pharaon.
- Joan Collins en inflexible, belle mais avide petite princesse, à qui on ne donnera pas, dans ce film, le bon dieu sans confession ...
Les autres acteurs (que je ne connais pas spécialement) sont bons dont en particulier l'architecte Vashtar ou encore celui qui joue le rôle de Hamar, le grand prêtre (ou premier ministre) qui roule des œillades pas vraiment sympa à Joan Collins.
Oui, c'est un bon film où on ne voit le temps passer qu'en regardant vieillir les acteurs.