« Le choix de ce film pourra paraître surprenant au regard des codes généralement appliqués à l’ouverture du Festival de Cannes » introduisait Thierry Frémiaux (délégué général du Festival de Cannes). C'est avec ce film, en effet, que s'est ouvert le festival cannais cette année, avec en vedette la mythique Catherine Deneuve.
Dès l'incipit du film, le spectateur sait à quoi il peut s'attendre : un film social, ancré pleinement dans le réel et, par conséquent, un film centré sur l'humain. Loin de toutes prétentions et loin des gros blockbusters ordinaires, ce film s'intègre dans une dynamique d'honnêteté et de gravité. Il est vrai que nous aurions pu avoir peur d'un film trop élitiste centré sur Deneuve. Mais non, le personnage qu'elle interprète – merveilleusement par ailleurs – ne la place pas sur un piédestal, formant un film où les acteurs sont égaux et portent la même importance les uns les autres.
Le sujet du film est tout d'abord très intéressant, entre sincérité et relation sociale, et il est interprété par des acteurs touchants. Le personnage de Mallony est joué avec brio par Rod Paradot, qui propose une performance intense, sensible et puissante. Jusque dans ses pulsions les plus intimes, ses peurs et ses joies, Paradot nous offre une version réussie de ce délinquant sans arrêt au bord de la crise. Voleur de voitures à seulement quinze ans, il va être suivi par une juge des enfants et un éducateur qui vont tenter de le remettre sur le droit chemin. Ce film montre ce parcours de la manière la plus réelle possible, oscillant entre des moments émouvants et des instants de rechutes. Pour mettre en valeur son long-métrage à la fois tendre et tiraillé par les pulsions du personnage, Emmanuelle Bercot (réalisatrice) nous offre une palette de plans originaux, travaillés et bien constitués qui forme un ensemble d'une très grande beauté esthétique et morale.
La Tête Haute s'ouvre sur un aspect concret des difficultés que rencontrent certaines personnes à s'intégrer dans la société, tout en gardant un certain dynamisme – malgré des petites longueurs dans le film. Ce long métrage est l'exemple de film que l'on aimerait voir fleurir plus souvent au cinéma : la réalité de notre monde, l'ordinaire filmé de manière spectaculaire sans tomber dans le banal inintéressant… En quelques mots, une belle œuvre qui en raconte beaucoup sur les difficultés des délinquants de nos jours, et porte en lui une humanité rare tant dans la société que dans le cinéma. Du grand art !

Ombre-noire
8
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le 27 mai 2015

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