C'est avec fierté qu'une réalisatrice française ouvre ce festival de Cannes. Une femme et un ''bon film'' selon les mots de Thierry Frémaux qui aura résisté aux sirènes du glamour américain pour l'ouverture. Après un ratage en ''Grace'' du premier film de l'édition précédente, Emmanuelle Bercot saura-t-elle repartir la tête haute ?
Malony a 6 ans lorsqu'il est confié à une juge des enfants qui, incarnée par Catherine Deneuve, fera tout pour le remettre sur le droit chemin. De foyers en foyers, d'amitiés forcées avec des éducateurs spécialisés, Malony peine à trouver un équilibre. Les mains moitent, les poings serrés et la sueur coulant le long front, Malony tente tant bien que mal de contenir cette rage qui ne cherche qu'à exploser. Une canalisation qui s'avère de plus en plus difficile à mesure que l'adolescent grandit et que la marginalisation se fait plus forte. Une fois entrée dans le bureau de la juge, la vie de Malony n'est devenue qu'un cercle vicieux. Son tempérament violent l'oblige à l'isolement quand cette sensation d'être systématiquement rejeté renforce sa colère.
Son nouvel éducateur sait que ce n'est pas dans les murs sombres d'une prison que Malony pourra y voir clair tandis que la juge ne voit plus comment échapper à cette fatalité. Fatalité voire facilité tant il est évident que la prison ne fait que déplacer le problème, voire même de l'amplifier. La Tête haute porte une gageure politique en cette période trouble post-attentat. Comment la société traite-elle ses troubles-fêtes ? Avec quelle efficacité ? On en oublie les causes, on ne voit que les conséquences, et on punit. Il a fallu l'obstination d'un homme et le courage d'une juge pour sauver Malony. Il a également fallu beaucoup d'amour. Et les punitions dans tout ça ?
Shubert et sous son trio de son piano trois acteurs : l'icône, l'acteur confirmé et le jeune comédien. Un mélange subtil de professionnalisme et d'amateurisme qui donne contenance aux confrontations mises en œuvre à chaque scène. Filmé caméra à l'épaule laissant la part belle aux jeux et aux dialogues, Emmanuelle Bercot reprend la recette de Polisse dont elle était déjà l'instigatrice. Le film est sérieux, bien mené mais peine à atteindre une ambition attendue en ouverture du festival de Cannes. Bercot souffre cruellement de la comparaison forcée avec Dolan qui, avec Mommy, avait lui réussit à électriser la Croisette l'année passée.