[...] Le sujet dégouline, bien entendu, du roman de Daniel Defoe, si l’on ne se donne pas la peine de découvrir la thématique par nous même. Car, si il pose la question de la survie d’un homme sur une île déserte, La Tortue Rouge s’interroge sur la manière de vivre seul, la nuance entre vie et survie est d’une importance primordiale. En cela, Michael Dudok De Wit se rapproche du fait divers qui a inspiré la mythologie Crusoé, l’histoire d’Alexandre Selkirk. Le naufragé a, en effet, appris à vivre agréablement quand il a quitté la plage pour rentrer dans les terres. Le parallèle avec La Tortue Rouge est troublant, surtout si on prend en compte le naturalisme exacerbé du film. Sur cette plage, on ressent les éléments. On ressent l’inconfort de la plage, on ressent la vie grouillante de la forêt de bambou. Le personnage, summum de la désincarnation, nous permet une identification total. Il n’est plus qu’une projection de nous même, un écran, qui nous ramène doucement à un bel étang. Le fait qu’il puisse épancher sa soif d’eau douce suffit à nous contenter. L’identification fonctionne désormais à merveille, et cela perdurera jusqu’à la fin de sa période de solitude.
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