Tout le monde aime les histoires de Robinson Crusoe; c'est étrange, mais rien ne stimule plus l'imagination que de tenter de visualiser ce qu'on deviendrait en l'absence de tout repère connu. Que devons-nous exactement à notre société ? Serions-nous les mêmes si on nous enlevait tout entourage humain et toute technologie moderne ? Ce film creuse le sillon ouvert par Dafoe il y a des siècles (d'ailleurs, je vous recommande la lecture de l'ouvrage, bien supérieure à ce que la mémoire collective en conserve et curieusement polémique...) en projetant un pauvre type dont on ignore tout sur une petite île heureusement paradisiaque. Mais terriblement isolée. A la Tom Hanks dans Seul au monde. Sauf que cette fois, il s'agit d'un film d'animation, et que ça change tout : chaque image est d'une beauté saisissante. La BO n'y est pas pour rien, d'ailleurs. Et nous voilà soudainement rivés à l'écran, hypnotisés par les déambulations d'abord fébriles puis éreintées de notre bonhomme lambda, qui n'a ni nom ni langage, un tour de force. Chaque fois qu'il veut quitter son île une sorte de puissance surnaturelle l'en empêche, et c'est là que commence le conte, dont je ne dis trop rien pour ne pas gâcher votre bonheur. Laissez-vous donc prendre par le sortilège qui va faire de lui un homme dépouillé de tout mais comblé... et, surtout, rincez-vous bien l’œil à l'eau de mer : les mille déclinaisons de ses mouvements et de ses reflets ne manqueront pas de vous enchanter, effet garanti. Comme un gros bol d'iode ou une randonnée en bord de mer... idéal pour l'été.