La Tour Sombre est ce type de film dont, dès la bande annonce on sent que quelque chose va mal se passer. On sent que, après ce casting, le film ne va pas convaincre pour on ne sait quelles raisons.
Des raisons qui peuvent être multiples : un manque de prise de risque, un manque d’originalité, un projet compliqué, une ratatouilles ratée, un orteil qui tape le canapé, toussa toussa quoi !.
Il faut le dire, La Tour Sombre réalise, en quelque sorte, un grand chelem sur ce point.


Le film est terriblement linéaire et chaque instant, chaque scène, chaque moment, manque d’enjeu car tout est prévu, prévisible et bien plastifié. Emballé c’est gagné.


La première heure est un véritable chemin de croix. On a l’impression que les acteurs nagent à contre courant sans cesse. Durant cette première partie, le film essaie d’imposer son monde, ses règles et possibilités. Et la première scène le fait efficacement mais c’est bien tout. Derrière le film ne fait que parler de la richesse de ce monde sans jamais nous la montrer. C’est bien beau d’en parler mais on veut la voir cette richesse !
Finalement le tout est frustrant, on reste clairement sur notre faim malgré cette fin qui se veut « ouverte » mais qu’on avait deviné dès la 5ème minute du film.


On a cette douce impression que le film ne veut jamais prendre de risque. Que ce soit dans le fond ou dans la forme.


Sur le fond c’est du basique de chez basique. Sous la plume de Stephen King, La Tour Sombre doit certainement être un titre de grande qualité, mais le film n’est qu’un titre de Fantasy de seconde zone.
Il me fait le même effet que John Carter, que j’avais tout de même beaucoup aimé ! J’ai l’impression que l’adaptation arrive trop tard. Trop de film sont passés avant et finalement La Tour Sombre ne renouvelle absolument rien, il se place juste à la suite de nombreux titres déjà vu et revu.
L’intrigue, ici, n’est jamais centrale. Elle n’est que prétexte à faire avancée les personnages qui prennent souvent des décisions qui sont attendues puisque le film, en lui même, pousse ses personnages à prendre ses directions. Il n’y a strictement aucun enjeu. On sait à tout moment où le film va aller, comment il va y aller, pourquoi il y va et comment ça va se finir. Cette absence de suspense tue, dans l’œuf, la moindre intrigue. Cette absence rend la première heure indigeste. La fin se veut plus agréable car le rythme s’accélère et les scènes deviennent plus intenses, bien aidées par les scènes d’actions.


On passera rapidement sur la blague ridicule sur le Coca et sur des dialogues très pauvres tout au long film. Seul peut-être le serment du Pistolero vaut le coup. Et encore !
Je le met en spoil mais en fait on s'en fout complètement, je trouvais ça juste con de pas en parler puis je savais pas trop où le mettre dans ma critique, du coup je l'ai mis là, en spoil.
Voilà.


Tout cela nous amène à la forme (bah ouai !). Les scènes d’actions ont le mérite d’être assez dynamiques même si le tout est épileptique visuellement. Y’a énormément de plans qui s’enchainent et la scène d’action finale où El Pistolero se lance dans une vengeance meurtrière pour sauver Jake pouvait clairement faire l’objet de plus de prise de risque dans la réalisation et donner un résultat plus sympa visuellement.
Une réalisation, qui tout au long du film est d’un standard affolant. C’est plat et surtout ça ne dégage aucune identité visuelle. C’est tristement quelconque et ça ne permet aucunement aux trois acteurs principaux de faire passer quelque chose.
Des acteurs qui ne sont pourtant pas mauvais. M. McConaughey, I. Elba et le petit jeune qui joue Jake Chambers sont plutôt convaincants. Bon….on préfère évidemment voir l’un en Cooper ou Mud et l’autre en Stringer Bell mais bon. Le film est tellement banal qu’on aurait même du mal à voir ce que les mecs auraient pu faire de plus. On notera la présence de l'autre qui bouffe un oeil dans The Neon Demon. Comme quoi...manger des yeux ne permet pas de faire carrière dans le cinéma, si certain en doutait je vous le confirme. C'est cadeau.


La musique est à l’image du film : quelconque.


Quelconque.


C’est certainement le mot qui résume le mieux La Tour Sombre. C’est malheureusement du déjà vu. C’est aussi vite vu que vite oublié. Ce n’est ni déplaisant ni plaisant. Ni ennuyant ni passionnant. On est juste assis dans son siège en train de suivre la quête de deux types contre un autre avec, en théorie, un futur apocalyptique.
Un futur qui ne nous fait pas trembler une seule seconde mais qui soulage quand le ciel rouge (oulalalala) s’estompe et signal que l’on va, enfin, pouvoir quitter la salle et se diriger vers le bon vieux métro parisien (ligne 6, puis ligne 4 pour les curieux), qui n’a certes, ni pouvoir (quoique ça c'est pas sur sur), ni pistolet, ni « Shining », mais se veut une épopée, certainement, bien plus trépidante et mouvementée que ce The Dark Tower.

Halifax
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le 14 août 2017

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