La Traversée de Paris marque la première rencontre entre Bourvil et Jean Gabin et adaptation d'une nouvelle de Marcel Aymé par le controversé Claude Autant-Lara. Controversé car le réalisateur fut bien plus tard, dans les années 80, député européen sur les listes du FN et auteur de plusieurs propos racistes.

En revanche, le film est beaucoup plus intéressant puisqu'il s'avère être un portrait très réaliste du comportement des français en temps de guerre.

Louis de Funès, qui n'était à l'époque qu'un second rôle, fait étalage de tout son talent en incarnant l'épicier avare Jambier à travers une scène d'anthologie avec les célèbres vociférations de Gabin : "Monsieur Jambier, 45 Rue Poliveau, pour moi, ce sera 1000 francs...Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, maintenant c'est 2000 francs...Je voulais dire 3000. Jambier, Jambier, Jaaaammbier !". Le fameux rôle du faible devant le fort et du fort devant le faible que De Funès reproduira à de nombreuses reprises tout au long de sa carrière.

Les dialogues ne sont pas loin de chez Audiard notamment dans la scène du bistrot où Grandgil s'en prend au couple qui tient le bar : "Mais tu vas pas changer de gueule un jour toi, non ? Et l’autre là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui dévalent sur la brioche…Cinquante ans chacun, cent ans pour le lot, cent ans de connerie ! Mais qu’est ce que vous êtes venus foutre sur Terre, nom de Dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ?"

La Traversée de Paris est une histoire d'amitié au temps de l'Occupation entre deux hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer au départ. Portrait d'une France écrasée par la peur, la faim et la pauvreté, le récit est donc extrêmement sombre mais adouci par l'ingéniosité constante dont Grandgil fait preuve pour sauver son camarade des policiers ou des allemands ainsi que par sa scène de retrouvailles entre Grandgil et Martin à la gare de Lyon, différente de la nouvelle de Marcel Aymé.
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le 31 août 2013

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