Adapté du célèbre roman sulpicien de Lloyd C. Douglas, ce film est boulversant par ses images de grand plans, ses scènes mythiques, sa composition marquante et un jeu d'acteur sensible.
Marcellus, tribun romain, ose de son impétuosité, insulter sa majesté Caligula en lui dérobant un esclave lors d'une vente aux enchères. Celui ci est envoyé, malgré les admonestations de son père, à Jérusalem, la terre de la "peste". Là, accompagné de son esclave, il doit exécuter un homme: le Christ. C'est en jouant aux dés qu'il récupère la tunique du père qui le marquera à vie pour ses maux, et dont il deviendra son pasteur. Mais l'empereur Caligula ne voie pas d'un si bon oeil, un movement qui contesterai qu'il existe un autre descendant de Dieu que lui, et Marcellus en payera les conséquences, ainsi que sa femme, Diana...
Ce film détient selon moi, probablement la scène la plus stupéfiante du cinéma: la rencontre avec Judah est à couper le souffle. Qui peut affirmer ne pas avoir été estomaché lorsque Victor Mature croise dans une course poursuite, le traître le plus célèbre, lorsqu'il lui annonce qu'un "disciple qui se tenait à sa droite, l'a vendu" ? Le discours tragique, la réaction dépitée et candide de Demetrius, nous confirment qu'il s'agit bien d'une grande scène de cinéma. Tout le film comporte des scènes frappantes, sans que cela soit intentionnel, car il souhaite égaler les autres péplums de son temps, comme Quo Vadis. Mais la déchéance de Marcellus, la souffrance que joue à l'écran Burton est incroyable - il faut un certain talent pour parvenir à reproduire toutes ces émotions. Même si le film comporte peu d'actions pour un péplum, il agit sur nous par sa dimension tragique souvent incomprise et sa grandeur dans les scènes, des décors, et des angles de tournage.
La fin du film détonne: on s'attend pas à voir un tel spectacle pour une fin aussi tragique - Marcellus et Diana, liés pour la vie et la mort, voyagent dans les cieux au lieu de descendre dans les contre-bas des champs de crucifixion.
Mature nous étonne aussi pour sa sensibilité, son émotion pour un physique aussi baraque. On a l'impression de voir un héros grec; très troublant. Sa confrontation avec Marcellus après la mort du Christ, nous prouve que Mature est bien un grand acteur - rien n'est sujoué, le ton est spontané, la cadence s'accorde parfaitement la musique. Vraiment du grand spectacle.
Comment un film comme celui-ci peut il être considéré comme plat et pâle avec des répliques aussi cultes ? Un mélange de réalisme spectaculaire et un panache pour la mythologie naïve qui nous entrainent dans un moment d'apprentissage d'un péplum qui se classe parmi les grands, tout en rénovant le genre. Ce film est très fort.