Dans un lycée moderne d'Allemagne. Alors que le pays ne parvient pas à se débarrasser de la honte nazie, un professeur organise avec sa classe un atelier sur l'autocratie. Après avoir décortiqué ce mot barbare (ce qu'est une autocratie, les conditions de son avènement...), un cours vivant voit le jour : face à des élèves curieux de tout, le prof organise une autocratie miniature, à l'échelle de la salle de classe visant à rendre concret aux yeux des ado un régime totalitaire.
Mais bientôt, poussé par la grande motivation des élèves, le système s'emballe et s'autoalimente. Les ados commencent à s'entraider, à se soutenir, à se reconnaître comme appartenant au groupe. Et par voie de conséquence à identifier les autres comme extérieurs au mouvement. L'entraide devient peu à peu communautariste. Sectaire. Le professeur que, par jeu, on s'est mis à vouvoyer devient peu à peu le maître suprême, le leader omniscient et omnipotent. Le gourou.
Peu considéré de ses collègues, le professeur se voit ainsi valorisé. Son autorité est enfin reconnue. On l'aime, on l'adule. Il adore ça. Le jeu, qui n'en plus tout à fait un, l'amuse, le satisfait. Le grandit.
La progression est insidieuse. Le régime totalitaire se met en place de lui-même, sans heurt, avec joie, détermination. Parce qu'on le souhaite plus que tout. L'individualité a disparue. Tous œuvrent pour le bien du groupe, pour faire plaisir au maître. Immanquablement, les zélateurs font leur apparition. On organise un service d'ordre autour du leader. On recrute des nouveaux membres, on stigmatise ceux qui refusent d'entrer dans le rang. L'intolérance et le prosélytisme avancent de concert.
Une nouvelle dictature est-elle possible en Allemagne ? La question est clairement posée dès le début du premier cours par le prof à ses élèves. Tous, horrifiés, rejettent cette idée avec force. Et pourtant... Les foules sont prêtes et n'attendent que le charisme d'un leader pour les fédérer, les manipuler. Cette dénonciation du totalitarisme nous fait évidemment penser aux groupes néo-fascistes, néo-nazis qui existent ici et là. Et bien entendu à l'islamisme qui progresse chaque jour.
Un film d'apparence anodine et que j'ai manqué de couper au bout de 10 ou 15 minutes tant il eut du mal à se mettre en place. Mais un film au final passionnant, bouleversant, fascinant mais terrifiant. A voir ab-so-lu-ment !