La Vague : vous croyez qu'une nouvelle dictature n'est pas possible ?
Je n'ai pour ainsi dire jamais été vraiment attiré par le cinéma allemand, et plus généralement par tout ce qui a attrait à l'Allemagne ; guère étonnant lorsqu'on a eu une mère véritablement passionnée par ce pays et par sa culture. La pauvre, elle qui a tout fait pour œuvrer à l'amitié franco-allemande à son échelle, en nous trouvant des correspondants, en nous envoyant à Berlin et en Bavière plusieurs semaines durant notre scolarité... peine perdue ! Ho, bien sûr, si on me lâchait maintenant en plein länder allemand, sans doute ne mourrais-je pas de faim grâce à quelques phrases pour mendier un sandwich ;-).
Mais je m'égare. Je n'ai donc jamais été franchement intéressé par le cinéma allemand. J'aurais même été incapable d'affirmer qu'il en existât un ou de citer un grand cinéaste. Mais à la réflexion, je me suis rendu compte que des productions locales m'avaient malgré tout particulièrement bien plu. Je pense par exemple à Das Versprechen, sorti en 1995 et intitulé Les années du mur. Le pitch de ce film autour de la déchirure allemande causée par le Mur coupant le pays en deux parties. Un mélodrame d'un couple séparé.
Il y a eu aussi, plus récemment, Good Bye, Lenin ! qui a été diffusé en France en 2003. Si vous ne l'avez pas vu, je vous le recommande chaudement. L'histoire se déroule lors du processus de réunification entre les deux Allemagne, avec en toile de fond la chute du mur de Berlin (décidément... ;-)). Une mère de famille, très impliquée localement dans la vie sociale du régime communiste, tombe dans le coma juste avant ces grands évènements... et ne se réveille qu'après. Pour ne pas la brusquer et provoquer un autre malaise, ses enfants vont tant bien que mal essayer de maintenir l'illusion de la glorieuse Allemagne de l'Est...
Et ce soir donc, j'ai regardé La Vague (Die Welle en allemand). Cette fois, il n'est point question de mur, mais d'un thème tout aussi sensible pour les Allemands : le fascisme. Et c'est justement parce que cela se déroule en Allemagne, alors que le pays porte un très lourd passif depuis soixante ans, que le film prend tout son intérêt, toute son envergure. La question sous-jacente vient dès lors d'elle-même : une autocratie, une dictature, pourrait-elle à nouveau revenir dans un pays qui s'était pourtant juré de ne plus jamais laisser place à la folie des Hommes ?
À l'issue du film, j'ai quand même eu un sentiment d'effroi. Dans nos sociétés modernes, interconnectées et s'appuyant sur des enseignements historiques lourds de sens, l'évolution vers tout ce envers quoi on s'est juré de résister arrive finalement plus vite qu'on le croit. Oh, bien entendu tout ne se déroule pas de manière uniforme, dans ce film : la classe d'élèves réagit comme une micro-société : il y a les réfractaires, les enthousiastes, les fervents, les opposants... et pourtant, malgré tout, même le professeur semble happé par cette lame de fond, cette « vague » qui déferle sur les esprits. Et tout devient incontrôlable.
La Vague est un film plein d'enseignements. Les derniers actes de ce jeu de rôle qui dérape m'ont vraiment surpris dans les derniers instants.
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