Une palme d'or hein ? Voyons les points positifs... Authentique. Non, vraiment, le jeu, les scènes, tout est d'une authenticité incroyable, jusqu'à la laideur du corps humain dans sa beauté. On ne cherche jamais à nous tromper. Certaines scènes transportent vraiment au cœur de la vie d'Adèle.


Mais. Mais. Mais il y a d'autres scènes. Celles qui exposent, non pas Adèle le personnage, mais Adèle l'être filmé. Et on peut vraiment pour le coup parler d'exposition obscène. Au delà de cette fameuse scène pornographique (au sens propre du terme, puisque rien n'est simulé) interminable dont tout le monde nous rabâche les oreilles, il y a le réalisateur. Qui soudain, dans certains plans qui viennent comme une grosse dégueulade au milieu de la vie, débarque ! Bonjour Abdel, dégage de là. Cette scène de sexe n'est gênante qu'à cause de cette caméra qui refuse de se faire oublier. Mais ce n'est pas la seule scène. Même Adèle allongée dans l'herbe, sous la douche, mangeant des spaghetti ! Le regard du réalisateur est toujours là, scrutant cette jeune fille de 19 ans, par ici, par là, comme un objet fétiche malsain. Il la rend suintante, dégoulinante, ne fait ressortir d'elle plus qu'une supposée sensualité pulpeuse qui rend des rien-du-tout franchement pornographiques (pas dans toutes les scènes, par bonheur, sinon les trois heures deviendraient une véritable torture).


Ces moments sont d'autant plus désagréables qu'ils sont chaque fois venus m'arracher de l'intérieur du film, un moment où je dansais avec elle, où j'étais derrière ses cheveux, où je sentais l'odeur qui l'entourait, sa gêne, sa joie... et PAF, horreur, le réal vient mettre son grain de poivre pour me faire éternuer.


J'utilise la première personne pour bien préciser qu'il s'agit de mon ressenti, qui visiblement est peu partagé. Au final, la colère reste le sentiment le plus fort en sortant de la salle. J'en veux au réalisateur d'avoir refusé de se cacher, et d'avoir exposé au monde entier ce que j'ai envie d'appeler sa perversité. Même si le mot est peut-être trop intolérant.


Pour finir sur du positif, en revanche, cette Authenticité est si rare dans le cinéma français, et dans le cinéma tout court, que rien que pour voir ça, ça vaut le coup.


Note : Le visage de Léa Seydoux est venu plusieurs fois apaiser mon écœurement (sauf dans les scènes de sexes, qui reviennent, encore, et encore, et encore quand on croit en avoir fini, et où elle n'est d'aucun secours, la pauvre). Malgré un personnage pas forcément sympathique, elle a eu la chance de ne pas subir l'hyperobscénisation d'Adèle Exarchopoulos, et son visage simple, "propre" est le mot qui me vient, apporte un vrai réconfort après un plan sur les lèvres mollusquaires de sa partenaire.


Pubié en 2013 sur le blog Zinema

Zosha
5
Écrit par

Créée

le 7 mars 2020

Critique lue 100 fois

Zosha

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