Du bleu du bleu du bleu!!

Adèle a les yeux tristes et la bouche en coeur... Gros plan serré sur ses sentiments. Adèle est belle... Gros plan serré sur son nez qui coule... OK des gros plans et des gros plans et encore... Des fesses! Kechiche a deux passions: les gros plans et le cul. Ca donne un côté perverse un peu détestable.
Adèle, c'est celle du film, c'est également l'actrice, Mlle Exarchopoulos. Bravo. Une vraie prestation. Je pense que son personnage n'a pas fini de trotter dans ma tête. C'est aussi le point de divergence d'avec la BD: les deux personnages n'ont pas le même nom dans la BD et le film. A croire que le film a été tissé à partir d'Adèle E. Chargé d'émotions (et de morve??!!??), elle magnifie le film d'un sourire.
Adèle, sa vie est divisée en deux parties: celle du lycée, de sa rencontre et de l'émerveillement qu'elle crée en Emma. Mon chapitre préféré. L'actrice retranscrit d'une justesse très intense la découverte d'une adolescente vis à vis de son homosexualité (une scène dans les escaliers du lycée très réussie). La cruauté des autres (un peu cash), sans pour autant entrer dans le pathos est un poil caricatural... Mais cela dit, il me semble que la BD est encore plus intense dans cette scène.
La deuxième partie, la moins réussie à mon sens, celle de sa vie après Emma (la fille aux cheveux bleus). C'est là que le bât blesse. La prestation de Léa Seydoux est beaucoup moins fine et son personnage est très caricatural (comprenez: merci de ne pas représenter tous les artistes sous la forme de petits snobinards arrogants). Dommage: la BD avait décrit des ressorts scénaristiques beaucoup plus intéressants (comprenez: Emma était la pauv' et Adèle la bourgeoise): résultat, Adèle ne finit pas complètement ridiculisée et pathétique... Mais ça c'est dans la BD. Ici, j'ai beaucoup regretté qu'Emma n'ait aucune scène qui nous permette de l'aimer. Aucune scène dans le film nous permet d'avoir un peu d'empathie pour son personnage. C'est pourtant là que réside l'histoire originelle. L'intensité de la relation de ces deux personnages et la brutalité dans laquelle elles se séparent développent des sentiments très intenses et mesurés. Dans le film, cette deuxième partie est trop dichotomique: Adèle est belle, Emma on aime pas.
Conclusions: un film inégal, des scènes de sexe surreprésentées (et pourtant pas si réalistes que les journalistes veulent bien nous faire croire), une actrice méritant amplement sa palme, l'autre n'ayant pas eu un rôle dimensionné à son talent (?). Un film coupé en deux: une palme en demi-mesure. J'aime moyen.