Ca faisait des mois que j'avais envie de voir ce film et finalement, nous y voilà. Un film de trois heures, ça fait peur. Soit ça marche et on ne les sent pas passer, soit on n'aime pas et là... Mais là, ces trois heures sont un régal absolu. On a souvent droit à des longues scènes, des longs dialogues qui n'ont rien à voir avec le reste du film mais ça nous plonge dans l'ambiance.
Ayant bien sûr connaissance de l'histoire, tout ce que j'attendais depuis le début, c'était la rencontre avec Emma. Car qu'est-ce qu'il y a de plus magique au cinéma que le coup de foudre, l'acheminement avant que l'amour se concrétise ? Mais à ma surprise j'ai dû attendre un peu avant ça. Non, bien avant la rencontre, bien qu'on voie Emma assez rapidement dans la rue, on assiste d'abord à... La vie d'Adèle. Et on la suit d'infiniment près. La plupart du temps, ce sont des gros plans sur les visages des personnages que l'on voit, si bien que ça fait tout de suite bizarre quand on les voit en entier et qu'on a l'impression de sortir du film. Tout est filmé de façon précise, pas de façon lente, non, mais normalement, pour qu'on s'intègre dans l'ambiance du film. Le cours de français avec un plan sur pratiquement chaque élève, les spaghettis que mange Adèle et qui laissent des traces sur sa bouche... Ce n'est pas esthétique, c'est juste naturel. Elle se cherche, sort avec un garçon mais elle sent bien que ce n'est pas elle. Puis la discussion avec son amie et le sous-entendu "Tu es très mignonne." "..." "Allez, tu le sais bien." "De quoi ?", tout ça finit par la pousser à aller au bar et à rencontrer de nouveau - magie de la fiction - Emma. Et - magie du cinéma - celle-ci l'a repérée et sympathise tout de suite avec elle, et là s'ensuit toute l'histoire. N'est-ce pas merveilleux de voir qu'elle l'attend devant le lycée ? On tombe amoureux d'Emma en même temps qu'Adèle. Elle représente l'inconnu, le mystère, le nouveau et provoque l'admiration. Elle dégage ce quelque chose qui fait qu'on la respecte immédiatement et qu'à côté on a l'impression de faire bien pâle figure. Puis viennent l'amour, puis les scènes de sexe dont on parle tant. A vrai dire je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus poétique et esthétique, alors que là on se sent presque gêné d'assister à leur intimité. Et ensuite, on assiste à leur relation - la scène avec les parents d'Adèle est juste géniale - et mine de rien, Adèle devient adulte - la scène de son anniversaire aussi est pas mal, avec ses "amies" qui reviennent.
Puis Emma a les cheveux blonds. C'est le début de la fin. Adultes, leur vie devient plus ennuyeuse, elles ont leur travail, ont moins de temps pour elles. Emma retrouve une amie, ce qui crée la jalousie chez Adèle. Se sentant délaissée, elle va la tromper avec un collègue et... Oh, cette scène où elle rentre chez elle et qu'on voit le visage fermé, dur et en même temps triste d'Emma. Cette scène m'a presque donné envie de pleurer quand on voit la violence qui éclate d'Emma et l'air penaud d'Adèle, voir leur relation se briser ainsi alors qu'on repense à leur rencontre. Je ne sais pas comment décrire ça, c'est ce moment où on voit toute la douceur d'Emma s'effacer pour montrer son autre face, et pourtant on l'avait prévu parce que dès le moment où on la voit on sent la force de son caractère et on sent bien qu'il ne faut pas la faire chier. Comme je la décrivais tout à l'heure, ce moment paraît tellement frustrant parce que c'est la personne qu'on admire et pour qui on voudrait compter, mais à partir du moment où on la déçoit... Alors le monde s'écroule. Et on comprend bien tout le désespoir qui s'empare d'Adèle et le moment des retrouvailles où elle avoue qu'elle lui manque encore, même après plus de trois ans.
Finalement, chacune refait sa vie de son côté et le film retrace, plus qu'une histoire d'amour, la quête initiatique amoureuse d'Adèle. Elle découvre l'amour, ses joies et ses peines. Il y en aura sûrement d'autres, comme le suggère la fin.
Dernière chose. Le bleu. Je m'attendais bien à toute une symbolique liée à la couleur bleue, mais à ce point-là on frôle l'overdose. Plus subtilement ça aurait été mieux je pense. Par contre le moment où elle se baigne dans le mer, c'est magnifique.

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le 25 oct. 2013

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Oriane

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