Voilà donc le déjà célèbre dernier film du réalisateur de "L'esquive" (2004), "La graine et le mulet" (2007) et de "Vénus Noire" (2009, finalement son meilleur film)... Palme d'Or à Cannes remise par le président Steven Spielberg rien que ça... Mais si ce film a d'indéniable qualités il reste surestimé. Adapté du roman graphique (une BD plus classe en sommes) "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh (Prix du Public au festival d'Angoulême 2010) dont il devait partagé le titre initialement, on constate dès le début que l'âge de l'héroïne ne correspond pas, 15 ans au début du roman elle en est à 17 dans le film... Un détail... Ensuite Kechiche tombe très vite dans ses travers (sauf dans "Vénus Noire"), à savoir s'éterniser sur des scènes dont l'intérêt est minimes, des scènes dont la longueur et la précision restent intuiles au récit ou à la dramaturgie comme le diner en famille, la manif ou l'anatomie d'Adèle lors d'une pose "artistique"... D'ailleurs, oui, les scènes de sexe lesbien sont effectivement hot et crues, à la fois réalistes et démonstratives dont la longueur (7mn pour la plus longue !) fini par aboutir à du simple voyeurisme ; Kechiche s'explique : "nous avons donc tourné ces scènes comme des tableaux, des scultures..." ... Ben voyons, le réalisme cru de ces scènes sont charnelles et érotiques, loin d'une oeuvre statique en plâtre... D'ailleurs des détails frappent, comme l'absence de préservatif ou des gros plans dignes d'un porno, non que ça me gêne mais enq uoi est-ce utile à l'évolution de l'histoire d'être aussi précis qu'étendu dans le temps ?!... Si Kechiche semble être attiré par les ados (filles seulement, rappelons nous Sara Forestier et Hafsia Herzi) il n'offre cependant que clichés et caricatures, l'ado qui mange non proprement, des copines qui usent du mot niquer aussi souvent que les ricains avec fuck, l'homophobie violente (incompréhensible de la part d'amies, il aurait fallu que ça vienne d'une autre élève)... Heureusement le film est porté par un duo d'actrices réellement époustouflantes, Adèle Exarchopoulos est une Adèle douce, perdue mais qui se cherche et Léa Seydoux est de toute façon déjà une grande... Le sacrifice des deux actrices (c'est à ce point) est inouï, elles se mettent littéralement à nu et c'est beau, encore faut-il que ça soit effectivement nécessaire au film ?! A ce point ce n'est clairement pas bien fondé... Par contre l'amour lesbien est secondaire, il s'agit avant d'un premier amour, le premier vrai amour d'une jeune fille auquel Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos donne autant que deux amantes. Leur sensibilité, leurs charmes, leurs émotions transparaissent à chaque scène, à chaque plan... Sur ce domaine il faut avouer que Kechiche sait filmer, sa mise en scène est judicieuse et précise à défaut d'être toujours juste et subtile. Si la ligne directrice du récit est claire et touchante, le scénario lui manque de finesse. Outre les longueurs déjà évoquées je pense au parallèle avec les cours de littérature (avec Marivaux), lourd et répétitif. Dans la seconde partie par contre Adèle n'est pas crédible en instit, et il ne suffit pas de mettre des lunettes ! La scène du resto où il est improbable que ni un client ni un employé ne se manifeste pour demander un peu de décence... Un film clairement surestimé donc mais nullement dénué de qualités. Ca reste un très beau et bon film, sans doute le meilleur de Kechiche à ce jour, il est dommage que trop de scènes parasitent la durée (3h dont au moins 30mn inutiles) et que le sexe ainsi traité devienne avant tout un argument marketing. Interdit au moins de 17 ans aux Etats-Unis... Grand public en France, faut pas exagérer. Un film qui décrit (souvent avec acuité) les doutes d'une jeune femme dans une histoire d'amour triste et romantique.
Selenie
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le 11 oct. 2013

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