Abdel et l' Adèle


Après Blue Jasmine, Elle s'en va, La vie d'Adèle chapitre 1 et 2 est mon troisième portrait de femme d'affilée.


Deneuve en mouvement, en fuite pour survivre et qui s'accroche, sa cinéaste la malmène mais sa caméra reste à distance, l'inscrivant dans un paysage et un environnement social et humain assez riche afin de bien nous faire comprendre que c'est par les Autres qu'elle trouvera l 'issue.
Blanchett en instabilité constante, les flash back accentuant les contrastes entre parade sociale et désordre intérieur, la caméra de Woody se faisant légère et discrète, souple à capter les variations de Jasmine et le tourbillon de sa folie.
Exarchopoulos d'un bloc- brute et pleine de lave,de sève comprimée à l'intérieur- volcanique, la caméra au plus près pour scruter ce qu'elle dégage, ce qui affleure, et ce qui finit par exploser...jaillir d'elle , jouissance et pleurs, tous les excès de la Vie, un condensé de celle-ci?


Cette œuvre est avant tout une performance cinématographique, celle de l'actrice qui se donne à s' y perdre, du chef op' sur le fil du rasoir permanent, du réal qui a poussé loin l'exigence ( le tam-tam médiatique en a assez fait écho). Les critiques exprimèrent donc logiquement leur admiration, d'autant que le cinéma français manque singulièrement de Grands, sur lesquels bâtir une château en Espagne.


L'obstination d'Abdel et le culot d'Adèle ( l'actrice ) parviennent à nous la rendre touchante; en dépit du manque de subtilité du cinéaste apprenti marxiste soulignant à grands traits une opposition de classe entre petite et moyenne ( qui regarde encore "Question pour un champion" en bouffant des spaghettis? Sinon des retraités en Maison... - et je parle du temps où l 'inénarrable JuJu Lepers officiait pour électriser un peu ce tas de vieux mous )
entre basse classe et bobo classe où l'on savoure huîtres et art contemporain dans un même élan.( sa description de ce milieu là à travers les séquences de vernissage m' a paru plus juste, fruit d'une réelle observation? )


On se demande vraiment ce qu' Emma a pu trouver à Adèle, en dehors d'un royal divertissement ( elle me fait rire mon Adèle à comparer Sartre et Bob Marley) d'une partenaire de Sexe qui se donne à fond ( oui là Abdel je ne suis pas le seul à avoir trouvé que tu succombais un peu trop à la tentation de la performance spectaculaire destinée à choquer, habile calcul de l'artiste qui tel Emma dans le film sait très bien comment cela fonctionne) autant qu'une copine corvéable qui se plie en quatre pour elle ( humm très bons tes spaghettis ,tu nous donneras la recette?! ).


Par moments quand même, je l' ai trouvé magistral l' Abdel dans sa démonstration, magistral dans la cruauté à malmener l' Adèle. Le meilleur du film se situant dans ce qui faisait déjà la force du cinéaste, capter l' authenticité de la jeunesse, dans cette histoire ratée entre Adèle et le musicos de Term, dans les relations entre copines, dans certains dialogues tellement vrais qu'on les croirait improvisé, lointain héritage de la Nouvelle Vague qu' Abdel fait vivre avec talent et conviction.


Et la fin. Le seul moment où j'ai senti mon cœur prendre le dessus sur ma tête et mes sens devant cette expérience de cinéma. Abdel et l' Adèle, le vrai couple du film. Il est là jusqu'au bout avec elle, lui... il l' a aimé son Adèle, sa Création.


Où comment un artiste sublime son Personnage.

PhyleasFogg
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le 23 oct. 2013

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le 2 nov. 2013

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PhyleasFogg

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