Adèle est lycéenne. Sa vie est une vie de lycéenne normale.

Quelquefois Adèle rit, d'autres fois elle pleure, elle est à l'image de son époque, torturée mais tranquille. Adèle va en cours, elle essaie l'amour avec un homme, puis avec une femme.

Bref adèle est quelqu'un de désespérément normal.

Voilà le message fort et simple à la fois que tente de montrer ce film. Et cela commence par nous projeter dans le personnage. Sans douceur, sans tendresse, sans violons dégoulinants : brutalement et sèchement, presque de force. Mais ça paye : au bout de quelques minutes de film on comprend que le spectateur est Adèle, qu'il rira lorsqu'elle rira, qu'il appréhendera lorsqu'elle appréhendera, qu'il se sentira désespérément con lorsqu'elle se sentira désespérément conne.

Et c'est là l'une des forces du film : l'effort remarquable du réalisateur pour centrer notre vision, la coller à celle de son personnage, au plus proche, presque confondus.

Le pivot du film est une relation amoureuse entre Adèle et Emma, interprétée par Léa Seydoux d'une manière parfaitement épatante (en fait, tous les acteurs du film sont absolument crédibles ce qui est rare lorsque le scénario fait intervenir des scènes en lycée), et la relation homosexuelle nous est présentée de manière tout à fait intelligente puisque naturelle, d'ailleurs les scènes en cours de français ou de philosophie insistent en parallèle sur le questionnement que le spectateur devrait avoir sur le caractère inéluctable de l'homosexualité pour le personnage central. Adèle, elle, est tout à fait perdue à propos de ces questions, symboliquement l'oeuvre nous indique que ce questionnement a lieu pour les non homosexuels, mais n'existe pas pour les homosexuels, id est lutte contre l'idée reçue qu'on "devient" homosexuel.

En d'autres termes, le film n'est pas un docu-fiction sur la vie des jeunes homosexuels, loin de là, c'est un manifeste didactique populaire, pour expliquer aux gens que l'homosexualité est normale, naturelle, et faire voyager un spectateur dans le corps d'une jeune lesbienne mal dans sa peau l'espace de trois heures. Sans artifices, sans mascara, et de la manière la plus crédible qui puisse être possible.

Ce film est une œuvre majeure du cinéma français, une œuvre qui a compris son époque et qui restera ancré dans le temps comme un témoin. Note maximale pour ce chef d’œuvre.
Eiphel
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le 16 févr. 2014

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