- Coupe SC, 2ème manche -

Après une introduction posant les bases de ce qui devint un chemin douloureux pour les survivants de la "Der des Ders", "La vie et rien d’autre" se pare immédiatement d’une luminosité typiquement meusienne. Bertrand Tavernier choisit le réalisme pour traiter cette période mêlant joie et tristesse. La joie d’en avoir fini avec cet interminable conflit. La tristesse d’avoir encore autant de morts devant soi.

1920, la France est en pleine reconstruction après une Première Guerre particulièrement sanglante et dévastatrice. Dans ce contexte froid et délabré, le Commandant Dellaplane est chargé de retrouver et d’identifier les disparus. Parmi ceux-ci, il doit choisir celui qui deviendra un symbole pour toute une nation : le Soldat Inconnu, dont la dépouille reposera sous l’Arc de Triomphe, Place de l’Etoile. Mais c’est sans compter sur le caractère fort et droit du militaire, qui, en froid avec l’autorité car défendant un certain nombre de valeurs et principes, refusera cette dernière mission pour se concentrer sur les travaux de recherche. Au point d’y prendre part physiquement, bravant nombre de dangers. Le long de ce périple ô combien délicat, il fera quelques rencontres qui changeront son quotidien.

Car c’est dans ce cadre aventureux qu’il croisera la route d’Irène de Courtil, jeune femme de lignée bourgeoise à la recherche de son mari. Il approchera également Alice, issue d’un milieu plus modeste, et nourrissant l’espoir de retrouver son fiancé. Tavernier dépeint magistralement cette France rurale, provinciale en reconstruction. Un paysan et sa charrue par ci, Noiret et sa bine par là. Dellaplane, Irène, Alice. Un trio magnifique. Le séparé, la mariée et la fiancée. Une "triple alliance", pour une "triple entente". La guerre et ses obus de pouvoir. Une quête dénuée ou pleine de sens. Un inconnu élu pour que l’on se rappelle de millions d’autres. Ou pour qu’on les oublie mieux. Maginot trace la ligne qui sépare les oubliés des inoubliables. Par un beau matin en ce souterrain de la Citadelle de Verdun, l’air hautain, il désigne par la main de Thin, celui qui honorera tous ces hommes au si funeste destin. 1 + 3 + 2, ce que fut mon aïeul. Plus lui, que lui, à l’Etoile il s’ra seul...

Habile comme un chirurgien, le réalisateur reconstitue avec minutie cet Est cicatrisant, ces évènements marquants, de 1920. Par un cocktail à la mirabelle fait d’interprètes taquins, de costumes divins et de décors meusiens, il enivre de son délicat breuvage le spectateur qui assoiffé, s’écrie : "Tavernier, à boire…ou je tue le chien !"

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Bravo à Deleuze, vainqueur du duel. Sa critique: http://www.senscritique.com/film/La_Vie_et_rien_d_autre/critique/31948081
Gothic
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le 10 avr. 2014

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