Habitué des comédies en tout genre, Ben Stiller retourne derrière la caméra pour présenter un projet qui lui tenait à cœur.

Walter Mitty travaille au magazine Life qui s’apprête à sortir son dernier numéro. Pour marquer le coup, la une sera un cliché d’un éminent photographe qui travaille à l’ancienne: appareil photo argentique et pellicule Kodak à la main. Cependant, le fameux cliché 25 est introuvable. En bon employé, Walter ne va pas lésiner sur les moyens pour retrouver cette photo.

En plus d’être un acteur attachant, Stiller est talentueux et même si tout n’est pas à sauver dans sa filmographie, impossible de ne pas avoir apprécié au moins un de ses films. Certains resteront dans les mémoires comme le formidablement ouf Tonerre Sous les Tropiques. La Vie Rêvée de Walter Mitty est un condensé d’humour, de voyages, de rêves et d’amour. Ce mélange qui sent le chamallow et la barbapapa a le mérite de tenir ses promesses. Avant toute chose, le film donne envie de se balader, de partir aux quatre coins du monde. Sus au conformisme, profitons de la vie ! Le message est sublimé par les exceptionnelles images des paysages groenlandais puis islandais qui font passer les publicités des agences de voyages pour de vulgaires clichés sans âme. Sur grand écran on en prend plein les yeux grâce aux vues aériennes décapantes, aux formations géologiques d’une beauté extraterrestre et des plans larges qui font de Dame Nature la plus belle femme de l’Univers.

L’histoire de Walter Mitty est singulière. C’est un personnage timide, sculpté par la banalité du quotidien qui l’a visiblement empêché d’exprimer ce qu’il est vraiment. Il lui arrive très souvent de fixer un point puis il déconnecte soudain de la réalité. C’est alors que survient des scènes mémorables car elles arrivent dans la continuité de l’action. La plus notable a lieu lorsqu’il rencontre son manichéen de patron dans l’ascenseur, s’en suit une baston qui se terminera en surf sur des pans de goudrons dans les rues de New York ! Ces moments inattendus marquent les moments les plus drôles du film. On sent clairement que Stiller s’est bien amusé en les écrivant.

Mais ce condensé de bons sentiments atteint des limites criantes. L’espèce de rom-com qui structure le film avec Kristen Wiig (sosie officieux de la présentatrice de BeInSports) est tellement naïve et typique du cinéma qu’on n’y crois pas une seconde. Ok, le film joue la dessus mais lorsque la réalité est aussi imaginaire que les rêves, la crédibilité de l’ensemble en prend un coup. A moins que ce ne soit une mise en abime (ou effet vache qui rit) voir même une inception (diable !) des rêves de Walter Mitty qui sont eux même un rêve de Stiller derrière la caméra. Vertiiiige ! Mais non en fait.

Dans la pyramide de la gentillesse il y a les islandais tout en haut. Adeptes du troc, ils n’hésitent pas à échanger n’importe quel objet contre un vulgaire catcheur en plastique (extensible certes). Mieux, ils n’hésiterons pas à vous sauver les miches malgré que vous soyez le seul pecnot à ne pas vous protéger d’une imminente éruption volcanique. Tout cela en baragouinant des mots incompréhensibles et en étant tout le temps grognon parce que c’est plus mignon. Ca donne presque envie d’être méchant tient ! Cet excès de bons sentiments arrive quand même à nous toucher car les personnages sont attachants et on est sans cesse dans l’attente de savoir comment la situation va évoluer. Heureusement qu’il y a cette sensation car au final, les moments forts sont peu nombreux, le rythme ne décolle jamais véritablement.



La Vie Rêvée de Walter Mitty fait partie des rares films que l’on a pas forcement envie de critiquer négativement. Comme un free hug de deux heures, on ressort un peu béat. Mais derrière ce paravent de bonté, il ne reste pas grand chose à se mettre sous la dent pour rester dans les annales ou donner envie d’un second visionnage. C’est plat, d’une gentillesse excessive et finalement pas si drôle que ca. Sans oublier la romance formant le fond de l’histoire qui ne vole clairement pas haut. Pour autant, la morale qui découle du film est louable tout comme le fait que le spectateur ne soit pas pris pour un incrédule idiot (ou un américain de base). Plusieurs problématiques sont mises en avant telles la fin de la presse papier, la façade des sites de rencontres voir de l’internet en général ou le conformisme de nos sociétés occidentales. Il semblerait que "la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si on ne la vit pas comme un rêve." A supposer que la gentillesse gouverne le monde… Condition cruellement irrecevable.
ZéroZéroCed
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le 9 janv. 2014

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