Walter Mitty meet Meetic

Walter Mitty n'est pas plus intéressant quand il parle qu'une musique d'ascenseur. Aventureux, brave et créatif, il ne l'est pas pour un sou parce qu'il n'a jamais rien fait de particulier dans sa vie. Pas facile donc d'engager la conversation ou même séduire ailleurs que depuis son écran d'ordi.
Walt c'est au contraire l'archétype du "non-essentiel", le mec qui bosse aux archives avec Ernando, au sous-sol du sous-sol, débarras par excellence de l'entreprise, là où il n'y a ni lumière naturelle ni chaleur humaine, et pas plus d'espoir d'être estimé de ses collègues.

Comme son nom l'indique - la vie rêvée de Walter Mitty - délaye un bonne part de rêve, justement dosée au milieux des ingrédients de la bobine, notamment dans sa première partie que l'on appréciera pour son côté un peu timbré.
Walter a souvent des absences. Il laisse divaguer son imaginaire à des fantasmes impossibles, se voit en cascadeur de l'extrème ou s'envisage corriger son boss, tête à claques en puissance.
Ces scènes où Walter se perd dans ses pensées sont si bien amenées, aidées d'un montage peaufiné, que l'on partage bien volontier ses visions avec un sourire complice.

Puis, lui vient le déclic qui transformera Walter en Indiana Jones avec un skateboard sous les pieds plutôt qu'un fouet à la main, faisant un pied de nez à cette vie de routine, par dessus tout "industrielle".
S'engage alors la seconde partie du film, menant Walt de son sous-sol lugubre aux volcans d'Islande, de l'Afghanistan jusqu'aux reliefs de l'Himalaya.
Une seconde partie moins extravagante, plus terre-à-terre, plus émouvante, permettant au film une dimension photographique appréciable avec de beaux paysages et une caméra qui se fait le témoin d'un vrai travail cinématographique.
Une histoire qui prend un virage thématique totalement différent, abordant la profondeur du personnage avec sensibilité et humanité, pour aboutir in fine au message : "l'Aventure te fait gagner en assurance".

- La vie rêvée de Walter Mitty - n'est pas un film rigolo, il n'est non plus un film psychologique, ni un film d'action ou un road movie ; il est un peu de tout ça à la fois.