En 1995 sortait le film esprits rebelles et sa Bande originale signée Coolio. Le fameux titre Gangsta’s paradise est vite devenu un incontournable, et plus que la musique d’un film, c’est devenu celle d’une époque, le générique de mes années collège.
Étant donné l’âge des deux réalisateurs de la vie scolaire, ça correspondait plus à leurs années lycées, mais l’idée est là et ce n’est sans doute pas pour rien que le film s’achève du “pastime paradise” de Steevie wonder (dont le titre de coolio était un sample).
Évidemment les paroles s’y prêtent, mais je reste persuadée qu’il y a une part de nostalgie dans ce choix.
Voilà comment en quelques notes le film se ferme sur un clin d’œil à notre propre jeunesse, et hop la corde sensible est touchée, pile au moment de quitter la salle, juste pour laisser une bonne impression, juste pour qu’on se souvienne de ce qu’était notre collège.
Quelque minutes avant ce retour aux sources, on doutait encore un peu de ce qu’on était en train de regarder: la visite de l’établissement était sympathique, certaines scènes ou répliques fusaient agréablement et on avait envie de suivre la galerie de personnages, ce n’était pas désagréable.
Et pourtant on avait quand même un manque, une certaine distance avec ce qui nous était montré, un déficit de fluidité dans certains enchaînements, et quelques lourdeurs de-ci de là.
Plusieurs moments n’avaient pas pu nous convaincre pleinement, et on avait eu du mal à sortir de notre position d’observateur distant pour se sentir réellement impliqué.
La vie scolaire le film joue les équilibristes entre la comédie et le film de société, comme le bureau de la vie scolaire doit osciller entre soutien et contrôle des élèves, à la fois potes et juges.
L’aspect comédie est mis en avant par les bandes annonces qui - une fois de plus - exploitent abondamment les passages les plus réussis au point d’en annihiler l’effet lors de la séance, et c’est bien dommage parce qu’on y perd le dynamisme recherché. D’autant qu’on a souvent l’impression d’être face à une compilation de sketches.
L’aspect sociétal est traité sans trop insister sur la misère et la violence, avec un regard de grand frère qui sait de quoi il parle, et avec sincérité. L’inventivité des élèves pour pimenter les heures passées au collège fait sourire et rappelle immanquablement des épisodes vécus.
Difficile de savoir pourtant à quel point on est proche ou loin de la réalité sur l’ensemble du métrage, à moins de travailler dans un collège en ZEP, mais on peut légitimement croire qu’il y a un fond de vérité dans tout ça. On évite tout de même soigneusement de montrer des élèves trop sombres et violents, on reste sur des facéties “légères”.
Le tout n’est pas foncièrement raté, il est agréable parce qu’il est porté avec le cœur, qu’il dresse une jolie galerie de personnages, s’appuie sur de bons comédiens, mais ne restera pas dans les annales (du bac ou du brevet, comme vous voulez).
Sympathique avant d’attaquer la rentrée, qu’on soit concerné ou non (indirectement on l’est forcément, ne serait-ce que par la reprise des programmes radio/télé, et par le monde revenu soudainement envahir nos routes et magasins).
Bon c’est pas tout ça mais j’vais aller m’écouter du coolio comme au bon vieux temps des boums.