Les médias nous en rabattent les oreilles régulièrement: le Mexique est aujourd'hui devenu un des pays les plus dangereux au monde, entre l'explosion de la délinquance et de la violence, la corruption de la police comme de la justice et le pourrissement des institutions, l'image du pays dans le monde est de moins en moins reluisante... Et ça n'est pas cette vilaine grippe mexicaine de 2009 qui aura arrangé les choses...

Mais le film prend place dans un "havre de paix", une zone résidentielle paisible et luxueuse cernée de hauts murs et de barbelés qui la protègent de la violence des bidonvilles environnantes
Vu d'en haut dans cette Zona, tout semble n'être qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté...
Mais le ver est si clairement dans le fruit que l'on se demande vite de quel coté du mur se trouve la vraie prison et si la "zone de non-droit" n'est pas forcément celle que l'on croit
Si La Zona avait été tourné dans les années 70, dans la lignée des films d'Alain Jessua (Les chiens, Armaguedon, Traitement de choc), on aurait sans doute parlé de cinéma d'anticipation...

Mais ce qui glace le sang à la vision du film c'est qu'il s'apparente aujourd'hui davantage à de la télé réalité qu'à de la science fiction... L'usage constant des caméras de surveillance dans la mise en scène en attestant.

La chasse à "l'homme" qui est au cœur du récit place le spectateur devant tous les dilemmes possibles et le scénario, en démontant rouage après rouage tous les mécanismes qui peuvent pousser des humains à faire les mauvais choix, mène peu à peu à la description sans concession de la naissance d'un système fasciste, totalement protectionniste, régressif et barbare.
Le tout charpenté comme un efficace thriller et en évitant miraculeusement tout manichéisme... les riches ou les flics ne sont pas tous des ordures, et les pauvres ne sont pas tous d'innocentes victimes, en tous cas les choses ne sont jamais aussi simples et le film est plus subtil que cela, plus sombre aussi...

Je l'ai trouvé, pour ma part tout à fait brillant et solidement mené. Il m'a constamment pris aux tripes.
Un premier film très prometteur !
Foxart
8
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le 8 août 2014

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Foxart

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