« La Mélancolie d'Haruhi Suzumiya » est un anime qui fera date. A l'époque de sa sortie et lors de mon premier visionnage, j'avais juré que « la scène du concert, on en reparlera dans 10 ans ». Finalement j'avais tort, ce sera plutôt de Haruhi dans son intégralité dont on continuera de parler. Car, que l'on aime ou non, il est indéniable que l'Univers créé par Haruhi depuis la diffusion de la première saison de l'anime est un monde qui impacte la galaxie otaku. Certes le tout n'était pas suffisamment original et bluffant pour être un Impact de la japanime au sens trop business sérieux du terme mais les différents personnages de la série furent bien vite transformer en divinités/religions otakus. Tombant ainsi totalement en accord avec l'esprit (à moitié seulement) décalé de la série.

Arrivant in fine à passer de l'irréel à l'IRL, la Brigade SOS de Haruhi n'a pas fait qu'inonder le monde de fun, elle a réussi à laisser son empreinte dans notre bouillante marmite de sous culture en produisant une œuvre en parfaite synchronisation avec le monde otaku contemporain. Et c'est heureux car connaître le monde d'Haruhi s'avère ici la seule mais pourtant indispensable condition pour pouvoir apprécier à sa juste valeur, c'est-à-dire sans se perdre dans ses méandres, « La Disparition d'Haruhi Suzumiya », le film qui fait suite aux 2 saisons de l'anime. Dire que les néophytes devraient passer leur chemin est faux, dans ce cas précis ils DOIVENT passent leur chemin pour aller voir la série dans un premier temps. Les autres, vous pouvez rester et admirer.

La Beauté de Asahina Mikuru

Oui allez tout de suite sortons le premier d'une longue liste de critiques positives. Et tac vlan, on ne regarde pas ce film, on l'admire. Bon je sais c'est naze comme phrase mais pour le coup c'est vrai. En effet, « La Disparition d'Haruhi Suzumiya » est une réelle et brillante performance visuelle et ce malgré le fait que ce film dure 2h41. On aurait pu penser que tenir une telle longueur s'accompagnerait de facilités et pourtant jamais Kyoto Animation ne s'est permis de jouer la carte de la fainéantise. Plus encore que d'habitude, on retrouve là une des grandes forces du studio qui avait su imposer dès le départ de la série un standard de qualité très élevé. Et si la série TV passait du très bon à l'excellent (oui c'est subtile), le film lui semble avoir décidé que ce précédent standard était devenu la configuration minimum requise.

On a donc ici droit à un film d'animation, que ce soit esthétiquement ou pour l'animation, que dans tes yeux ça tue tout le long en fait. Et si certes l'esthétique global ne varie pas beaucoup, certaines scènes, y compris parfois sans grande importance scénaristique, sont juste bluffantes de précision. A ce titre, rien que la gestion des lumières des voitures lorsque Yuki et Kyon marchent ensemble au bord d'une route justifierait presque à elle seule de voir le film tant ça colle presque autant au siège que la course sur l'eau du Ponyo. A cela s'ajoute un sens du détail impressionnant (là encore une fois, comme dans la série) que ce soit dans l'animation, le chara design voire même les objets du décor qui font l'objet d'un tel boulot de dingue que ça deviendrait presque orgasmique à en être gênant.

L'Odyssée de Kyon

D'autant que le travail de KyoAni ne s'arrête pas là car « La Disparition d'Haruhi Suzumiya » est un film qui n'a pas été uniquement chouchouté sur la forme. Sur le fond, l'histoire se permet d'imposer dès le départ, et ira jusqu'à le revendiquer à un moment du film, un rythme très lent. Toutefois Haruhi , même disparue , n'est jamais très loin et cette lenteur passe comme une lettre à la Poste car elle n'est que la conséquence de la retranscription ultra précise d'un scénario qui foisonne de détails.

Ainsi non seulement l'histoire s'avère être une suite complexe mais elle sait parfaitement rebondir sur un très grand nombre d'éléments précédents pour se réinventer. Quand aux nombreux et différents rebondissements du scénario ils sont inventifs, surprenants, captivants et on assiste impuissant, quasiment ko et sans pouvoir décrocher à un phénomène digne de la déesse. C'est bluffant à en être limite énervant mais KyoAni ne loupe JAMAIS son coup sur ce film et leur maîtrise de la licence est totale et sans contestation possible. Toutefois, il m'est impossible de rentrer en détail dans le scénario tant ça risquerait de vous gâcher le plaisir de la découverte façon au dessus d'un niveau de 9000.

La Mélancolie de Yuki Nagato

Toutefois impossible de continuer à parler de ce film sans parler de sa véritable héroïne en la personne de Nagato Yuki et de dire combien le travail d'écriture du personnage se révèle très vite être dantesque et m'a en tout franchise laissé sur le cul comme rarement. Mélangeant à la fois un appel du pied (ou plutôt de la main sur la manche de notre manteau ce qui n'est pas du jeu !) gigantesque et constants à nos pulsions primaires de fanboy, tout en n'hésitant pas parfois à les piétiner avec une jubilation poétique confinant à l'extase (« Yuki... ») , et une réflexion profonde sur la nature de ce personnage, la Disparition d'Haruhi se pose scénaristiquement comme une reconnaissance infinie de Yuki dans toute sa complexité, dans tous ses questionnements.

Ainsi, il m'a fallu de longs moments de réflexion pour comprendre l'immensité du boulot abattu par le scénario et j'ai un peu encore du mal à m'en remettre. Qui aurait crû que Nagato Yuki deviendrait un des personnages le plus complexes et des plus intéressants jamais inventés par la japanime ? Honnêtement pas moi et pourtant à elle seule, Yuki finit par poser une masse de questions et le tour de force du film est d'être arrivé à imposer une réponse qui est suffisamment complexe pour forcer la réflexion et suffisament ouverte pour laisser la place à l'imagination. Encore une fois, c'est bluffant (oui je me répète mais j'ai pas le choix). En général, l'animation japonaise a souvent tendance à choisir entre privilégier l'histoire ou les personnages, Nagato Yuki permet ici la fusion des 2 mondes et en cela c'est tout simplement brillant quand on s'aperçoit que le moindre de ses mouvements peut faire trembler tout un univers.

Et si Yuki est un point central, impossible aussi de ne pas mentionner la place de la SOS Brigade et de tant d'autres choses et personnages qui ont fait la série et que le film n'oublie pas. Ainsi, l'histoire n'hésite-elle pas à introduire un certain niveau de drame sans ce que ce dernier ne soit vulgaire, au contraire il est posé, réfléchi voire parfois presque paradoxalement silencieux. Et pourtant, quasiment en même temps, l'ambiance mystique et légèrement étrange de l'univers d'Haruhi se fait elle assourdissante, nous entourant de tout son aura.



N'y allons pas par 4 chemins, « La Disparition d'Haruhi Suzumiya » est un chef d'œuvre qui n'est séparé à mon sens de la qualité d'un Ghibli que par le fait que Haruhi ne véhicule pas réellement de messages précis et que sa volonté est de s'adresser exclusivement à un public de connaisseurs. Bien loin d'une ambiance humoristique, La Disparition est un film qui se prend au sérieux tout en réussissant à garder la totale maîtrise de son univers. Dôté d'un travail d'écriture énorme et magnifié par une réalisation technique qui jette tout ce qu'elle a, « La Disparition d'Haruhi Suzumiya » réussit l'exploit de réitérer le coup de massue qu'avait été la diffusion de la première saison et surtout délivre là la preuve de l'immense talent de Kyoto Animation qui produit ici une pure oeuvre qui fera rêver voire jubiler bon nombre de personnes.

Une nouvelle fois, je prends les paris. On en reparlera dans 10 ans.
Nemotaku
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le 25 déc. 2010

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Nemotaku

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