Paolo Sorrentino paye son tribut aux grands maîtres italiens que sont Fellini et Visconti avec cette satire étourdissante de la vanité et de l'ineptie de la jet-set romaine. "La Grande Bellezza" s'ouvre sur une longue-séquence électrisante et survoltée d'une fête où le grotesque,le baroque et la décadence sont de communes invitées. Sorrentino fait le portrait frictionnel de Jep Gambardella,65 ans,écrivain primé pour le seul roman qu'il ait jamais écrit 40 ans auparavant. Revenu de tout,d'une extrême lucidité sur le vide qui l'entoure,il distille quotidiennement son cynisme depuis sa terrasse face Colisée tout en regrettant avec mélancolie un passé qui aurait pu être différent. Toni Servillo pourrait facilement rendre ce personnage antipathique,mais c'est tout le contraire qui se produit. On a pitié de lui,on voudrait qu'il ait une seconde chance. Peut-être arrivera t-elle en laissant ses excès derrière lui? La description de la fauve romaine et de ses freaks rappelle forcément "La Dolce Vita",avec la touche virevoltante d'un auteur sabordant l'Italie berlusconienne,tout en s'ébahissant devant la Rome éternelle. Esthétiquement sublime. Grand Prix du Jury Cannes 2013 . Grand film.
Akamaru
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le 18 mai 2014

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