Auréolé par la critique de l'aura du chef d'oeuvre, le deuxième film de Valérie Donzelli mérite les superlatifs. Traversé de bout en bout par une folle énergie vitale, le long-métrage consume le coeur par sa sincérité et son courage.

Rencontre entre Roméo (Jérémie Elkaïm) et Juliette (Valérie Donzelli) : auto-fiction du couple et de l'insouciance du premier temps. Viennent les inquiétudes, d'abord triviales et clichées, puis terrifiantes dans ce qu'on en devine. Commence alors l'exceptionnel chemin de douleur où ce n'est pas tant la perspective de la mort qui fait souffrir mais bien l'espoir de la (sur)vie. Les deux corps sont noués, tendus jusqu'à se rompre pour le troisième, né des deux premiers.

Le film se déroule dans une valse, non pas celle des pantins mais celle des roseaux qui ploient sous la tempête. Celle-ci est si longue et si éprouvante qu'elle les sépare, même si elle sauve l'enfant. Alors cette fois-ci Roméo et Juliette ne sont pas déchirés par l'impossible mais par l'indicible, non par la mort mais par la vie elle-même.

Soleil couchant sur couple tragique

Cette nouvelle traversée que font ces deux êtres d'un épreuve déjà vécue est sidérante car elle conçoit le cinéma comme une catharsis immense qui mue les ténèbres en lumière, et tient du miracle.

Malgré quelques maladresses techniques, La Guerre est déclarée renomme la vie en combat et s'empare de tous ses attributs. Frères d'armes jusqu'au bout, Roméo et Juliette s'accrochent au monde par toutes ses aspérités. De l'hôpital aux soirées, des déceptions aux promesses, la lueur vitale vacille sévèrement sans jamais s'éteindre, indescriptible flot d'émotions antagonistes et pourtant toutes familières : la vie a gagné la guerre, tout simplement.

Et si les pertes sont terribles, pour le couple en particulier, il y a ici un espoir invincible, transcendé par une séquence finale aussi sublime que sensée, tout droit vers l'horizon.
Meo
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le 26 sept. 2011

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