SPOILERS à suivre.
Un bien joli début où des problématiques adultes sont abordées tout en minimalisme parfaitement adapté aux enfants sans perdre l’impact émotionnel nécessaire aux plus grands ; la stérilité d’Ellie, par exemple : une pièce sombre d’hôpital avec sur le mur du fond une affiche figurant en quelques traits un ventre abritant la vie et Ellie au premier plan dont la tête flanche à mesure que le verdict médical investit sa conscience.
Puis le passé, de radieux à éploré, cède la place à un présent sans espoir. Des promoteurs transforment le quartier, Carl, désormais retraité, se cramponne à sa demeure et aux souvenirs que ses murs abritent.
La scène de l’accident surprend avec le sang (assez rare chez un Disney si l’on excepte les années 80) sur le crâne du contremaitre dont la prévenance maladroite (bonne idée de n’avoir pas fait de la modernité un ennemi) s’est heurtée à la paranoïa de Carl, vieillard infirme et grincheux.
Condamné à finir ses jours dans une maison de retraite, l’homme fomente une évasion spectaculaire : sa maison fend les airs, portée par des centaines de ballons gonflés à l’hélium, embarquant à l’occasion un scout envahissant (dont la mère a dû mourir d’inquiétude cent fois mais n’en laisse rien paraitre à la fin du film).
La fuite a un prétexte, accomplir le rêve partagé depuis l’enfance par Carl et sa compagne disparue : s’établir prêt des chutes du paradis.
Le voyage qui s’ensuit tombe dans des standards mieux connus où l’action riche de nombreuses trouvailles se dispute à un humour aussi léché que l’affection d’un berger allemand, habile métaphore qui me permet une transition idéale puisque les scènes les plus comiques sont portées par des chiens équipés d’un appareil traduisant en mots leurs pensées.
La fin voit l’enfant et le vieil homme se liguer face à l’explorateur jadis adulé par Carl, désormais honni comme la présence de l’enfant aux côtés du vieil homme permet à ce dernier d’enfin quitter sa propre enfance et ainsi réaliser que la quête obsessionnelle de l’explorateur est moins une palpitante aventure qu’une menace sans retour pour la nature. Le temps des explorateurs coloniaux est révolu.
Très souvent drôle malgré de rares longueurs (la traversée à pieds de la montagne), émouvant dans son magnifique début, Là-haut est une grande et belle réussite.