A l'époque de WALL·E, je me disait que les petits gars de chez Pixar avait atteint un palier d'émotion qu'ils leur serait très difficile de surpasser ou même d'égaler. Une petite année de plus aura suffit au studio pour me donner tord...
La réussite majeure de ce film boulversant tient avant tout dans l'humilité et la simplicité du point de départ de son scénario, qui permettent à tout un chacun de s'identifier et de s'attacher à des personnages profondéments humains, dont le parcours nous renverra à nous même des réalités que l'on refuse tous de voir. Des réalités dont seule la douloureuse acceptation nous permettra d'aller de l'avant.
A ce titre, les estomaquantes 10 premières minutes du film, qui en même pas 10 lignes de dialogue et une seule idée de réalisation sont pour moi ce que Pixar a fait de plus émouvant en près de 16 ans de production. Quand je parlais de simplicité au début ce n'était pas un euphémisme, quasi-muettes et rythmées par un magnifique thème composé par le non moins génial Michael Giacchino. L'introduction de Là-haut nous raconte la vie d'un homme, le tournant tragique que celle-ci prend à la mort de sa femme et l'impossibilité qu'il aura à faire le deuil de celle-ci, préférant projeter le souvenir qu'il garde d'elle dans la maison dans laquelle ils ont touts les deux vécus qui deviendra métaphore de sa défunte épouse.
Pixar poursuit donc ainsi l'entreprise qu'ils menent depuis leurs débuts, à savoir produire des films "pour toute la famille" comme on dit et dont les personnages, qu'ils soient humains ou robots, jouets ou animaux, nous racontent des choses profondéments tragiques. Une profession de foi hautement subversive, finalement très proche de celle du studio Ghibli, l'autre grand pôle humaniste du film d'animation, à priori destiné aux enfants. Les films de Pixar ont ceci de profondément respectable, qu'au delà des budgets pharaoniques qui leurs permettent de voir le jour (Là-haut aurait coûté 175 millions de dollards), et du travail gargantuesque fait sur les graphismes et l'animation, ils gardent toujours en leur centre l'humain, voir l'humanité. Ils en questionnent la condition ou les moeurs pour amener de véritables questionnements philosophiques à un public, qui ne se limite pas aux enfants, mais qui regroupe en réalité des gens de touts bords et de touts âges. Qu'ils soient trentenaires, vieux, geeks, jeunes, tous peuvent resortir d'un film Pixar grandis, enrichis et surtout heureux.
Car dans cette quête du vieux Carl Fredricksen, qui trouvera dans l'optimisme et l'humanisme d'un jeune garçon aventureux, la force de laisser s'envoler ce qui n'est finalement "qu'une maison", Pixar en appel à notre désir d'aventure, d'évasion et d'imagination pour mieux nous faire vivre une introspection douloureuse sur la mort de l'être cher, la solitude et la tristesse qu'elle engendre et la nécessité du deuil qu'elle implique. Celà sans oublier de construire des personnages jamais secondaires tout aussi touchants, tel ce Charles Muntz, dont la quête d'une chimère et l'éternel besoin de reconnaissance sont les seuls raisons de vivre et autant de pistes de réflexions pour le spectateur. Impossible également de ne pas évoquer le surprenant Dug, éternel compagnon de Carl Fredricksen qui est d'ailleurs le seul élément comique du film suceptible de faire rire aussi bien les enfants que les adultes, ce qui ne l'empêche pas d'être un véritable personnage, sachant agir quand il le faut pour aider ses amis.
Impossible de conclure sans évoquer la technique incroyable du film, qui permet à Pixar d'animer de façon photoréaliste plus de 20 000 ballons, mais là je vous renvoit plutôt vers un excellent article de Julien Dupuy ( http://lci.tf1.fr/cinema/news/la-haut-l-envol-des-ballons-4994690.html ). Une technique qui représente, comme souvent chez Pixar, un véritable défit à relever pour les animateurs du studio.
On peut également applaudir des deux mains le magnifique designe des personnages, ainsi que la fabuleuse farandole de couleurs et de décors qui constituent le film.
La mise en scène n'est pas en reste, sans doute moins impressionante que dans des films comme Ratatouille ou Les Indestructibles, qui offraient des scènes d'actions et une gestion de l'espace époustouflante, mais superbement classieuse, qui ne cherche jamais à appuyer le misérabilisme des personnages, et dotée d'un montage exemplaire, sans aucun bout de gras.
Bref, un pur chef d'oeuvre boulversant, à regarder avec une priorité absolue et qui, j'en suis sûr, vous touchera profondément, comme il m'a toucher.
Hat's off.
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