Avec son premier film, le réalisateur et acteur Amor Hakkar, qui n’avait pas grandi sur les chemins de briques jaunes des Aurès, y a construit une maison jaune pour constituer le réceptacle à des déconvenues très actuelles. On sera porté dessus qu’on le veuille ou non, mais c’est empreint d’une empathie tellement forte qu’on aura vite tendance à le vouloir.


On croirait Une Histoire vraie de Kubrick ; muni d’un hors-bord terrestre, le très stoïque personnage de Hakkar affronte la route, les Hommes, l’administration, s’escrimant respectueusement contre la paperasserie barbare à coups des rudesses de son berbère. Dommage que les ennuis soient à la fois le moyen et la finalité. Il délègue peu à son casting, de sorte que les autres protagonistes n’ont guère plus de valeur que la grande ligne définissant leur usage. Oui, malgré la trame éminemment émotionnelle, ils sont « usés », fantômes livides marchant dans les décombres de leur dénonciation impavide que le rythme et la musique excellente participent à vivifier.


On a l’impression de descendre un escalier en regardant La Maison jaune, comme si, faute de donner de la substance à ses murs ou à la lampe qui éclaire chichement les nuits comblées par le travail, Hakkar en faisait une métaphore par l’extérieur : l’aventure devient une odyssée qui devient un calvaire. Un mérite à porter sur ses talents de réalisateur que le temps a pour le moment failli à entériner.


Quantième Art

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 4 mars 2019

Critique lue 147 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 147 fois

D'autres avis sur La maison jaune

La maison jaune
EowynCwper
6

Critique de La maison jaune par Eowyn Cwper

Avec son premier film, le réalisateur et acteur Amor Hakkar, qui n’avait pas grandi sur les chemins de briques jaunes des Aurès, y a construit une maison jaune pour constituer le réceptacle à des...

le 4 mars 2019

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime