Le genre est assez rare en France pour être souligné. Le problème c’est qu’à trop vouloir se démarquer par la touche « indé » française, on perd l’intérêt suscité par ce genre.
La Nuit a Dévoré le Monde commence sous de bons hospices, la catastrophe ne s’étalant sous nos yeux que par le son, et surtout par l’absence du seul être épargné qui dort tranquillement. Sam agit méthodiquement, pourtant confus face à la situation, il ne se prend pas pour un héros. La sauvegarde vient donc d’abord dans la protection de l’immeuble, il met en place tout un mécanisme de survie pour pouvoir se prémunir et se nourrir.
Le film de zombie est un genre beaucoup utilisé, ainsi la sauce zombie a vu son lot de mort-vivants rapides tout autant que lents. Ici le mélange est correct, faisant le choix d’une saccade liée au cerveau sans transcender le zombie.
Là où le film se démarque sciemment c’est sur le fond : loin de véhiculer les instincts les plus vicieux, il se focalise sur la solitude. On est d’ailleurs plus dans la veine d’un Danny Boyle que dans la série à succès du moment. Pour autant, le choix de suivre les pérégrinations d’un personnage face à lui-même a du mal à rythmer le film. Je trouve très intéressant de voir sa propension à s’occuper, autant qu’à s’économiser (on voit d’ailleurs largement le spectre du livre planer dans ces scènes) ; mais on est un peu frustré de rester enfermé. Surtout quand d’autres films à huit clos parviennent à rendre haletant une situation d’enfermement.
Les occasions propices à la sortie sont nombreuses, et le film aurait pu prendre un autre tournant, mais Sam est condamné avec sa peur. Au final, c’est un parti pris intéressant sur un anti-héros où le courage fait partie du jeu seulement en ultime recours, mais cela cloue le film au sol. Et mis à part quelques plans intéressants, la tension ne saisit jamais le spectateur.