Comment faire du Almodovar (scénario épique et barré, avec autant de scènes burlesques que d'habitude) au profit d'une critique de la prolifération de la science et de l'inquiétude que nous nous devons d'en tirer : nous pauvre petit citoyen qui n'apercevons pas les risques d'une technique qui aujourd'hui a dépassé notre entendement et notre pensée.
La science du vivant ne peut se faire qu'à partir d'une réification de l'homme, ici l'homme est prisonnier d'une scientifique complètement malade, l'homme devient l'objet sur lequel tous les tests scientifiques sont faits : en l'occurrence une innovation médicinale qu'est la peau épaisse insensible à la chaleur.

La recherche, en filigrane, de l'absolu beauté par la chirurgie donne aussi à penser : l'écran plasma qu'a le Dc Ledgard chez lui et sur lequel l'image de la beauté idéale lui apparaît ne contraste t-il pas avec le grand tableau suspendu dans le couloir et sur lequel apparaît l'idéal féminin du XVIII et XIXème siècle : l'embonpoint.
Je vois dans La Piel que Habito une rupture dans le cinéma d'Almodovar, auparavant des films surtout affectifs, bien que soutenant certaines causes, ici les méfaits de la science sont explicites, et ce, sans délaisser le côté affectif (l'amour engendre bien des misères, comme d'habitude). Au delà du fond du film, qui est comme nous venons de le démontrer très convenable, la forme est quant à elle sublime. Alors que Hable con Ella signait la réussite esthétique et la beauté de la photographie, dans la Piel Que Habito, tout semble sublime, presque superficielle tellement c'est beau : certainement le côté science fiction y est pour quelque chose.

Aussi, je en sais pas si je suis la seule, mais comment ne pas voir l'influence d'un Visconti du Guépard dans la scène du grand banquet, du mariage, pendant lequel, le vieux père erre dans les jardins etc.
Malheureusement, pour ne pas dévoiler l'intrigue, ô combien bien mené du film, je ne dévoilerai ce que je trouve encore plus beau dans ce film.
Mansfield
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le 13 févr. 2012

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