Je suis, on peut dire, agréablement surprise. La plupart des Almodovar récents, comme Volver ou La Mauvaise Education démarraient dotés d'une certaine attraction liée au suspense, à la personnalité et au devenir des personnages. Toute cette matière était par la suite saccagée par le dénouement du scénario qui - selon moi -arrivait toujours au mauvais moment, souvent trop tard, comme une serpillière dans le ragoût.
Ce qui amenait malheureusement à une conclusion bâclée de l'histoire, trop précipitée.
Même s'il subsiste une beauté qui touche à l'excellence à chacun de ses longs-métrages et cela est indéniable, j'ai toujours retenue un bémol de précocité chez le cinéaste espagnol.
Mais La Piel que Habito se démarque des autres.
Il nous balade lentement dans les abysses d'une vengeance sereinement planifiée par un Antonio Banderas aux prétentions bien fondées d'un néo Frankenstein, cependant vite remises en cause par les vieux sentiments d'un amour disparu. Le scénario se délie lentement de manière à ce que tout arrive au moment où les choses doivent se dévoiler tout simplement, bien expliquées - ou du moins bien devinées, sans bémols.
La fin arrive au moment où il pourrait éventuellement avoir encore matière à raconter, mais le film se termine sans fioritures. Sans doute Almodovar a-t-il compris que lorsqu'il est histoire de vengeance, mieux vaut éviter d'aller trop loin.
Les jeux des acteurs sont dirigés d'une main de maître, là où l'emprise d'Almodovar excelle le mieux. Si la transsexualité, sujet on ne peut plus récurrent chez le réalisateur évoque sans cesse le transsexuel assumé qui impose son être à la société, il en est autrement ici.
Fidèle à la plume du scénariste et réalisateur, La Piel que Habito nous immerge sous un nouveau regard dans l'univers de ce dernier, toujours cru, sans tabou, violent et réaliste ; fidèle à lui-même.