L'ode à la joie de Franck Capra

Oeuvre intemporelle, réalisée par Franck Capra dans la seconde moitié des années 1940, La vie est belle conte l'histoire de George Bailey. Ce dernier reprend la main d'une entreprise familiale de prêts à la construction après la mort de son père, et doit rivaliser avec l'homme le plus riche de la ville, M. Potter. A la suite d'un travail acharné pour tenir la barre financièrement, George pense pouvoir sauver l'entreprise familiale. Il égare cependant par erreur 8 000$ qu'il doit absolument déposer à la banque. C'est alors que le protagoniste songe à commettre l'irréparable.

L'histoire passe par un panel d'états d'esprit, du bonheur au désespoir, dans la seule et même personne de George Bailey. La trame scénaristique est d'abord idyllique, puisque George est présenté comme un homme talentueux, avant de rencontrer sa future femme, Mary Hatch. Leur heureux mariage mène à la naissance de trois enfants, et le personnage principal semble alors promis au meilleur. Toutefois, la loi de l'argent fait vite redescendre sur terre un homme promis à la réussite. Ces différents événements sont traités avec brio par Franck Capra. Le réalisateur parvient à dégager le côté féérique de la rencontre de George avec Mary, mais aussi la descente aux enfers brutale du protagoniste lorsqu'un problème financier vient bouleverser son équilibre quotidien.

Cette oeuvre ne serait pas aussi aboutie sans le travail d'exception des acteurs, tous plus convaincants les uns que les autres. Un trio se distingue, avec d'un côté le couple et de l'autre le "méchant" de l'histoire. James Stewart, privilégié dans les films d'Hitchcock pour son côté "M. Tout-le-monde", prouve une fois de plus qu'il peut jouer avec intensité un personnage auquel le spectateur peut pleinement s'identifier. Pour sa part, Donna Reed interprète avec justesse la femme de George Bailey ; une part belle est faite à son charme naturel dans les différents plans, intensifiant le côté envoûtant de ce conte plus vrai que nature. Lionel Barrymore s'avère par ailleurs très convaincant dans le rôle du personnage cupide et avare, prêt à de multiples magouilles pour accroître ses possessions personnelles.

Au final, c'est un message d'humanité qui est renvoyé au spectateur, sous le couvert d'une nuit de Noël où tout devient possible. Le rôle de l'entourage du protagoniste est mis en évidence : sans ses amis, rien ne serait possible, et certaines séquences prouvent que si un homme cesse d'exister, tout son environnement en subit les répercussions. La vie est belle fait partie de ces films qui donnent envie de croquer à pleines dents dans la vie, et c'est aussi cela qui fait la beauté du cinéma.