En moins de deux il se met sur son trente-et-un.

La Vie est belle est un des rares films qui a réussi à m'arracher des larmes et qui compte beaucoup dans ma vie ; d'abord parce que la déportation est un sujet qui me touche plus que d'autres, je ne sais pas exactement pourquoi — peut-être parce qu'il a quelque chose de trop inhumain pour être saisi facilement —, par rapport à la relation père-fils, ainsi que par sa manière de traiter les deux sujets.

La première partie est hélas trop longue. Bien sûr, on comprend qu'elle met en place sa qualité de fable, d'histoire humoristique, comique, et qui pourrait se passer dans n'importe quelle guerre, persécutant autant les juifs et les chiens que les araignées et les wisigoths.
À partir de là, réduire La Vie est belle à un film historique sur la Shoah serait affreusement bête et réducteur. Cependant, c'est là que repose la cruauté : parce que l'univers concentrationnaire est un sujet difficile, on le prend avec plus de distance — tant mieux, c'est une fable —, ce qui crée la gêne. Peut-on utiliser cet évènement historique comme simple prétexte au traitement de l'amour filial, et de la cruauté ?

Loin de citer la tristement décontextualisée " On peut rire de tout mais pas avec tout le monde ", je pense la même chose de La Vie est belle que de Requiem for a Dream ; le deuxième n'est pas un film de drogue mais d'espoir, celui-ci n'est pas un film historique sur la Shoah mais sur l'amour paternel. La déportation juive sert de prétexte mais, à l'inverse de RFAD, c'est cela qui me dérange, peut-être parce que c'est un sujet plus lointain qu'on a peur d'oublier, peut-être parce qu'il est trop grave pour abriter son " réel " sujet. La mise en scène ne cherche pas forcément à être forte mais le talent de Begnini nous entraîne dans un monde de " Buongiorno principessa " et d'énigmes. S'il y a des images fortes, c'est celles qui sont en écho entre les deux parties : le " jeu " ou Guido, amené par les nazis, danse devant son fils, et la volonté de Schopenhauer, légitiment la première partie, qui reste cependant trop longue pour ce qu'elle souhaitait mettre en place.

Les sujets des deux films sont suffisamment graves, et leur traitement en est cruel, car tout repose finalement sur le dévouement d'un père jusqu'au bout pour mentir à son fils et lui faire croire, jusqu'à son sacrifice, que la vie est belle.
Ashen
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le 3 janv. 2013

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Ashen

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