La Vita e bella !
La vie est belle est un drame historique très touchant et extrêmement bien réalisé par Roberto Begnini. Le sujet est très délicat, parler de cette manière de l'implication Italienne dans le génocide...
le 3 mai 2012
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9
La veille, c'était Salo sur mon PC ; et hier, La Vie est Belle sur W9... Difficile de faire plus antagoniste au sujet du traitement de cette période noire de l'Italie. Le premier montrant tout sans aucune pudeur, et ce dernier ne montrant quasiment rien de l'horreur de l'occupation nazie, se contentant de la suggérer...
Cette comédie, on l'a tous vue ou presque. On l'a même tous adorée ou presque - la première fois. Mais force est de constater qu'au fil de mes visionnages, le film du facétieux Roberto Benigni perd chaque fois un peu plus de son charme. Je me souvenais pourtant de ce charme opéré par la cour du beau-parleur transalpin à sa princesse, qui m'avait fait fondre à l'époque. Mais je me souvenais surtout de mon fou rire lorsque la traduction d'un garde nazi devenait règle du jeu - la meilleure scène du film. Je me souvenais même de ce final aussi beau que tragique.
Mais à le revoir, je me rends surtout compte que les 20 premières minutes s'avèrent ultra laborieuses parce que d'un surréalisme aussi peu crédible (les freins, la chute) que pénible. Un cabotinage de l'acteur-réalisateur aussi, qui aura fort heureusement plus de sens dans la seconde partie. Mais elle se fera un peu attendre cette seconde partie... Alors certes, les devinettes du serveur bondissant, la manière dont il ridiculise la théorie raciste enseignée aux enfants, sa drague avec en point d'orgue le coup du chapeau et le vert chwal juif, on ne s'ennuie pas tant que ça ; sauf qu'au bout de presque 1 heure, ça fait quand même un peu lège... Mais un gamin plus tard (5 ans environ), et les premiers gros soucis avec l'occupant, les choses sérieuses commenceront enfin. Celles dont on se souvient le plus.
Guido, son fils et son père, se retrouvent donc embarqués pour un camp de concentration, le jour de l'anniversaire du petit... Tu parles d'un cadeau ! Et leur mère fera tout pour les suivre... Tu parles d'un cerveau ! Oh, bien sûr elle ne sait pas vraiment ce qui s'y passera, mais ça fleure trop les bons sentiments maternels et tire-larmes, pour le coup... Ceci dit, ça reste bien plus crédible que l'enfant se retrouvant seul avec son père et autant d'hommes. La proportion a vraiment de quoi étonner. Une grosse invraisemblance qui permettra cependant d'exploiter la grande force du film : ce jeu mis en place par Guido, avec équipes et gros lot à la clé, afin de sauvegarder les illusions de son fils et lui permettre de ne pas trop souffrir de cette situation terrible - avec l'aide même d'un autre condamné pourtant désabusé. Cette magnifique idée tragi-comique émeut à elle seule, et Benigni me semble très bien l'exploiter.
J'aime aussi le fait que la ténacité de ce gosse têtu le sauve, mais encore trop d'invraisemblances entachent le scénario, et notamment la manière quasi-inexistante dont semble être surveillé le camp : l'accès trop facile aux haut-parleurs ainsi que la portée improbable du phonogramme (déjà vu dans Les Evadés), même si c'est émouvant, ou encore la manière dont le môme s'incruste avec des petits allemands alors qu'il est sapé comme un clodo. Après, on va peut-être me rétorquer que c'est une fable, toussa... Bah, je répondrai que c'est pas une raison pour ne pas y mettre un minimum de rigueur, hein ! :P
A côté de ça, les retrouvailles avec le docteur restent un moment terrible de stupéfaction, stigmatisant avec intelligence la déshumanisation de l'homme par la "banalisation du mal" - théorie mise en évidence par la philosophe Hannah Arendt. Banalisation entraînant l'égocentrisme aveugle du sujet avec tout ce qui peut en découler. Une scène admirable.
Quant au dénouement, j'ai envie de dire "oui et non". Oui parce qu'on ne s'y attend pas du tout la première fois (en dehors de l'arrivée du char) et qu'il donne énormément de force à cette comédie dramatique. Et non parce qu'à force de ne rien montrer de la violence et du charnel de ce drame (en dehors de l'immense pile de quoi-vous-savez), on perd justement en tragique et en émotions.
M'enfin tous ces détails sur la forme, certes nombreux, n'empêchent pas pour autant l'unique succès de Roberto Benigni de rester un incontournable espiègle et relativement émouvant de la comédie dramatique. Une idée de génie pas totalement maîtrisée par le réalisateur, mais servie par un acteur très attachant.
7,5/10
Créée
le 29 juin 2016
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