(...) arrête-toi, choisis un endroit calme, et parle-lui...
Si tu veux le voir, envoie-lui un texto en conduisant...
Consciemment, Inconsciemment ? Quand j'étais gamin natif de Roubaix, comme Chatiliez (le réalisateur-scénariste) je me souviens d'un fait-divers qui avait fait grand bruit sur le plan local à l'époque (la télé n'existait pas encore, pas plus que les radios à transistors ) : une maternité roubaisienne avait échangé réellement deux bébés... Je ne me souviens plus si c'était volontairement comme ici dans le film, ou involontairement... Peu importe.
On ne parlait que de ça dans ma famille, dans mon quartier, dans les villes voisines... Partout.
Comment cela avait-il pu se produire et qu'allait-on faire ?
J'avais peu ou prou l'âge des gamins et me félicitais de ne pas avoir été victime d'un tel échange. Ma mère clamait en effet qu'elle m'eut reconnu entre mille bébés... Ouf !
Mais devenu ado, je passais quatre fois par jour avec le bus qui m'emmenait au lycée Maxence Van der Meersch au "Nouveau-Roubaix", où l'une des familles habitait... Nouveau car constellé de logements sociaux CIL : pavillons ou appartements...
Je ne pouvais donc m"empêcher de penser à ce Momo ou à la nouvelle vie de ces enfants... Orphelin, certes, mais s'il y a abondance de parents ?
Je me demandais comment j'aurais vécu ça et le fait divers m'avait marqué à vie.
Intéressante idée de scénario s'il en fut : dès lors, le tandem de scénaristes pouvait traiter le thème sous deux angles : soit dramatique, soit humoristique...
On navigue avec ce fleuve (c'est voulu !) entre les deux...Si bien que cette aventure semble un peu sur une corde raide perpétuelle... Ce qui fait son charme, son incertitude.... Il y a aussi un peu de Zola là-dedans : d'un côté une famille pauvre, de l'autre une de grands bourgeois aisés, avec le canevas-type des familles de l'époque : couple catholique dont la mère élève ses enfants au foyer. Peu de femmes travaillaient à cette époque sinon avant de devenir épouses et mères selon la tradition catholique...
Pour servir ces ingrédients, Chatiliez avait eu la bonne idée de ne pas embaucher de stars du cinéma mais des acteurs de théâtre, ou même pas... Et ce coquetel réussit à merveille ! André Wilms est idéal, parfait dans son rôle de ce directeur fortuné sachant toujours commment réagir en toutes circonstances (enfin au début...) comme Hélène Vincent et les autres... Catherine Hiegel fait aussi une victime fabuleuse de Daniel Gélin : tous deux sont aussi parfaits que les autres. Le vieux gynécologue devenu gaga paiera cher d'avoir méprisé son éternelle maîtresse et assistante professionnelle ... Lorsqu'il mit au monde les deux bébés, il lui confia : "en voici deux qui n'auront pas les mêmes chances de départ dans la vie...
Mais que réserve l'avenir quand une femme s'en mêle ?
Dans ce film, tout est parfait : presque trop ! Les images sont superbes et la musique sait se faire oublier. Une merveille.
Pour son premiere film, Chatiliez réussit à l'époque un coup de maître : 4 088 239 entrées en salles françaises, la 4° place du Box-Office français 1988... et quatre césars (qui eux n'ont pas été échangés.....).
J'ai beau voir, revoir ce film... je ne m'en lasse pas...
TMC le 27.08.2021-TF1SF le 29.02.2024-