De la neige funèbre tombe... un matin mort...

D’une grande inventivité et d’une maîtrise formelle absolue, Lady Snowblood est le sommet du cinéma d’exploitation japonais.


Ingénieusement construit en plusieurs chapitres s’ouvrant sur un carton calligraphié, comme si l’on ouvrait les pages d’un conte, le film regorge d’idées plus géniales les unes que les autres. Dans tous les domaines, que ce soit d’un point de vue narratif, une histoire de vengeance classique construite comme un grand jeu d’échec entre les divers protagonistes, par l’utilisation de flash-back situant l’intrigue dans diverses périodes, mais aussi d’un point de vue visuel, avec un esthétisme touchant au suprême, chaque plan est minutieusement mis en image, que ce soit en extérieur, avec de magnifiques paysages, ou dans des intérieurs typiques du cinéma d’exploitation nippon. Le tout est magnifiquement mis en scène par un réalisateur qui parvient à allier ces divers éléments avec une minutie quasi miraculeuse.


Le sommet de l’œuvre est atteint avec chaque apparition de la divine Lady Snowblood, magnifique personnage féminin interprété par la sublime Meiko Kaji. Belle, charismatique, électrisante, pourtant fragile et sensuelle, elle rassemble à elle seule toutes les qualités imaginables. C’est bien simple, elle représente probablement l’égérie parfaite, une sorte de mètre-étalon de l’héroïne au féminin du cinéma d’exploitation japonais.


L’aspect sérial est totalement revendiqué, et le réalisateur n’hésite jamais à utiliser toutes les ficelles du genre avec un maniérisme totalement décomplexé. Les combats à la lame sont violents et volontairement grandiloquents, les geysers de sang jaillissent quand l’ennemi est mis à mort, un sang trop rouge, les sabres tranchent au son de « chan-chan bara-bara », et tout ça et remarquablement mis en image, rien n’est de trop.


Quand un film de genre rassemble autant de qualités et qu’il s’impose naturellement, sans aucune prétention autre que de distraire intelligemment et en s’assumant totalement, on n’est pas loin du chef d’œuvre cinématographique. La preuve, si l’on devait rassembler sur un tableau en mode pop’art, tous les personnages récurrents du cinéma d’exploitation nippon, on y trouverait le rônin « Droopyesque » Ogami Itto, le masseur aveugle Zatoichi et ce personnage de Lady Snowblood.

philippequevillart
8

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Créée

le 12 juin 2018

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