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Ce n'est qu'au générique de fin que je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un film des frères Coen, ce qui relève un peu son pédigrée, et d'ailleurs, effectivement, il possède cette touche typique des deux frères: ambiance rétro, sud profond, humour noir, personnages décalés... Cependant, Ladykillers reste un film mineur et pas très ambitieux, malgré la présence de Tom Hanks, alors au sommet de sa gloire.

Les autres critiques soulignent l'aspect attachant de la mama "victime" du gang des creuseurs de tunnels, cette dernière me laisse indifférente, malgré la personnalité marquée de son profil, très religieuse, veuve droite dans ses botte, au rire facile et prenant le thé avec les autres mamies de la ville... Mais j'ai l'impression d'avoir déjà vu plein de fois ce personnage ailleurs, d'avoir affaire à un stéréotype, correctement interprété, mais pas plus, sans génie particulier. Il n'y a que son extrême honnêteté et sa manie d'aller raconter tout ce qu'elle a vu à la police qui ressorte de son personnage, au point que le shérif local la prend pour une mito/bargeot ayant des amis imaginaires et s'inventant des trésors cachés dans sa cave.

Le pilier de Ladykiller, c'est bien sûr Tom Hanks, grimé en génie maléfique, en véritable personnage machiavélique de cartoon, affublé de sa fine moustache de gentleman, de sa cape immaculée, de son chapeau et de son pommeau. Même s'il puise dans son éducation et son savoir pour se présenter en parfait gentleman auprès de sa logeuse et de ses amies, la méchanceté suinte de ce professeur très louche, qui fuit la police comme la peste et déclame son amour du Rococo post renaissance, tout en lâchant des rires de hyène, incapable de dissimuler sa perversité. Mais, le génie de ce professeur esquissé par les scénariste n'était il pas exagéré, vis à vis de la "simplicité" du casse opéré, certes astucieux mais pas particulièrement générateur de suspens, et de l'incapacité du cerveau de la bande à composer avec les imprévus post casse ?

Le reste du gang est sous exploité. Certes chaque membre a le droit à sa scène de présentation, mais somme toutes, celles ci sont courtes et insuffisamment frappantes, et ne parviennent pas à ériger des personnages forts et attachants. D'ailleurs, le scénario ne s'embêtera pas de les dézinguer les uns après les autres, à la chaine, sans rancune et sans regret, ce qui démontrent qu'ils n'étaient pas bien solides. Il n'y a que "l'agent infiltré", terme génialement exagéré pour un agent de nettoyage dans le casino, et l'expert "bras cassé" en explosif, qui parviennent à obtenir de l'exposition par leurs disputes permanentes, à coup d'effets un peu faciles, entre le jeune qui se fou de tout et ne s'intéresse qu'au pognon du casse et au cul des clientes, et le vétérans qui semble tout droit sorti d'un safari et qui veux se faire passer pour un expert en survie, entre deux crises de ballonnements digestifs (encore un effet facile)...

Si le demeuré mental n'est pas un personnage facile à mettre en valeur car casse gueule, l'ex-général Vietminh expert en galerie sous-terraine pouvait être plus mis en avant dans la préparation de se casse, reposant essentiellement sur le creusement d'un tunnel, puis sa disparition, mais il n'aura droit qu'à deux gags à son introduction et à sa sortie, ainsi qu'à un gimmick...

Passé la lady et les killers... il n'y a pas beaucoup de personnages, tout ça fait très "petit film", on passe la majeure partie du film soit à l'étage, à prendre le thé, soit au sous sol, à creuser ou faire semblant de jouer des instruments à la con (non mais l'allure du groupe de Rococo ! C'est tellement con que c'en est quand même drôle de les voir couvert du suie et de terre faire semblant de jouer de la musique classique !). Hormis les disputes des deux grandes gueules du gang, et les sermons évangélistes de la mama, il ne se passe pas grand chose dans ce casse... Bon, si, quelques expérimentations pyrotechniques, et une course poursuite avec un chat.

Le chat... Un autre ressort comique assez facile et pas très futé. Le chat s'enfuit, Tom Hanks tombe d'un arbre pour essayer de le rattraper. Un membre de l'équipe se fait peter la main en jouant aux pseudo-experts artificier avec un élément de plastic dit inerte, le chat attrape le doigt manquant et s'enfuit... Là encore, la facilité de cet élément semble assumée, découlant sur une ultime apparition du chat, totalement délirante, sur le pont emblématique du film.

Car passé le succès du casse, le film change de direction et bascule dans la farce macabre, ne s'encombrant pas de vraisemblance. Il fallait bien justifier le titre du film, Ladykillers, et ce dernier quart de film consacré à l'élimination de la vieille dame lorgne lui aussi sur le bases du cartoon, avec ses rebondissements improbables, l'aura miraculeuse protégeant l'innocente mamie et les malheurs s'accablants sur les membres de l'association criminelle. Ladykillers ne se prend clairement pas au sérieux, mais il lui manque du peps, de l'action, des couleurs pour jouer pleinement la carte cartoon, et en l'état, le film se dilue dans plusieurs genres, plusieurs parties qui s'assemblent mal, et se retrouve bancal.

Une petite comédie noire irrévérencieuse qui renfermait un potentiel, mais qui ne va pas au bout de ses idées.

Les plus:
_Tom Hanks, qui prend du plaisir dans son personnages hautain et infect.
_Les membres du gangs avaient du potentiel.
_La fausse couverture du groupe Rococo.. fallait la trouver et l'assumer celle là.
_L'ambiance Louisiane/Mississipi est toujours envoutante au cinéma
_L'artificier, filou de première et incompétent au possible.
_La réaction du shérif à la fin du film
_Hey Mec ! Y a Eddie Murphy qui fait un caméo à la tête d'une chorale de Gospel !

Les moins:
_La grand mère, je ne la sent pas.
_Un film avec moins de 10 personnages, secondaires compris, c'est particulier.
_Le concept, les interventions et les "gags" du chat.
_L'intrigue du casse s'avère minimaliste
_Le jeu de massacre final est très nawak.
Dauntless
5
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le 11 juil. 2013

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Dauntless

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