Je suis toujours heureux de voir un film de genre français, on en fait plus assez. Jamais assez, d'ailleurs.
On dirait qu'il est de bon ton de reprendre des vieux polars en ce moment, et aller chercher Manchette dans la série noire ne peux être qu'une bonne idée, non ? Il y a un scénario et des effets de style pré-existant, ça fleure bon le film policier un peu sale…
Laissez bronzer les cadavres a une histoire plutôt simple : des truands font un braquage et vont devoir se partager le butin. L'arrivée de deux gendarmes et de quelques invités surprises vont troubler leurs activités.
Sur ce scénario sans grande subtilité plane l'ombre omniprésente de Luce, artiste baroque et énigmatique, et hôte de nos personnages pour un été.
Le problème c'est que vous avez déjà sans doute deviné la fin, à peu de chose près. Pour un polar, l'absence de suspense dérange un peu, et ses effets de manches reposent pour beaucoup sur le style visuel. Le jeu des acteurs n'offrent pas grand-chose de plus qu'un bon vieux nanar, parfois divertissant, mais toujours dans un excès au diapason de la réalisation.
Car c'est peut-être ce qui sauve un peu Laissez bronzer les cadavres : presque tout est réalisé comme si la vie de quelqu'un en dépendait. Il y a des plans dans tous les sens, presque des compositions dialectiques, des hallucinations (ou des rêves, ou des flashbacks), un montage hargneux… Tout est exagéré, mis en tension. Tout. Trop. Tout le temps.
On a presque l'impression que Cattet et Forzani s'amuse énormément à trouver l'image choc, le détail qui habillera un court-métrage spectaculaire. Ils oublient qu'il s'agit d'un film d'une heure et demi et que personne ne peut rester en tension aussi longtemps.