Après trois courts-métrages (visibles sur sur les éditions dvd de sa filmographie), Emmanuel Mouret réalise un premier film déjà placé sous le (haut) patronage d'Eric Rohmer, car on y trouve déjà l'idée du marivaudage amoureux, cette façon très particulière qu'ont ses comédiens de parler, la femme qui est en avant, et bien entendu Mouret soi-même qui joue un des rôles principaux.

C'est l'histoire d'un couple en déroute, mais dont le jeune homme va être recruté dans les services secrets, et il va s'en suivre une série de quiproquos avec sa copine et la femme de ménage de son père (la divine Dolorès Chaplin, petite-fille de...) afin de préserver son identité.
La copine en question est jouée par Marie Gillain, et rien qu'à la voir, on sait que Mouret est du côté de la Femme, car c'est elle qui a les clés en mains sur sa relation, alors qu'elle se demande si elle ne doit pas rester ami avec son copain afin de redémarrer son couple. Quant à la femme de ménage du père de Mouret, jouée par Dolorès Chaplin, en plus d'être magnifique, elle représente la part naïve de l'histoire, telle cette scène assez drôle où elle demande à Mouret de coucher avec elle, sans amour, mais sans qu'ils ne se parlent, afin qu'elle ne soit pas perturbée.
Comme très souvent dans ses films, Emmanuel Mouret se donne le rôle masculin principal, à savoir le type benêt qui prend la vie comme elle va, et qui, en travaillant pour les services secrets, va faire croire qu'il est en dilettante.

La manière de parler très littéraire de ses films se trouve déjà là, sans aucune vulgarité, avec aucun mot plus haut qu'un autre, et qui rappelle furieusement Eric Rohmer : c'est à peine si on sent qu'ils vont parler de Pascal !
Le film se passe à Marseille, d'où est originaire Mouret, et il est dommage que la ville ne soit pas plus mise en avant ; on y voit surtout la plage, mais guère plus. D'ailleurs, l'aspect dit méridional du film, notamment l'accent, n'est pas tellement utilisé non plus, on voit juste l'ami de Mouret qui parle en peuchère.

Je suis grand fan des films de Mouret, qui parle de l'amour et des sentiments comme rarement dans le cinéma français, avec une très belle mise en avant des femmes, et dans ce premier, je dirais presque que tout est déjà mis en place ce qu'il développera davantage par la suite.
Boubakar
6
Écrit par

Créée

le 31 mai 2014

Critique lue 416 fois

4 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 416 fois

4

D'autres avis sur Laissons Lucie faire !

Laissons Lucie faire !
zardoz6704
8

Le temps de l'innocence...

Lucie vend des maillots de bain de sa conception sur la plage. Elle fait des rêves érotiques qui la font exploser de rire, ce qui la trouble et la pousse à lire des livres de psychologie. Lucien, son...

le 8 juil. 2016

4 j'aime

2

Laissons Lucie faire !
Boubakar
6

Les débuts d'Emmanuel Mouret.

Après trois courts-métrages (visibles sur sur les éditions dvd de sa filmographie), Emmanuel Mouret réalise un premier film déjà placé sous le (haut) patronage d'Eric Rohmer, car on y trouve déjà...

le 31 mai 2014

4 j'aime

Laissons Lucie faire !
Minostel
3

Flop.

Laissons Lucie faire parodie le film de plage à la Max Pecas. On y retrouve les ingrédients de base : l'été, la plage, et Marie Gillain en vendeuse de maillots. Le prétexte du film se veut totalement...

le 19 mai 2017

2 j'aime

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9