Près de quarante ans après La Nuit des morts-vivants, George A. Romero ajoute un nouvel opus à sa sanglante saga consacrée aux zombies. Romero ressuscite ses zombies dans une Amérique apocalyptique où survit une humanité protégée. Teintée d'un humour au vitriol et de cinglantes allusions politiques, cette métaphore ultragore sur la société américaine contemporaine fascine tout autant qu'elle révulse ! Leur invasion coïncide avec la vengeance d'un mercenaire. Formidable renouvellement du genre, pour un film énergique, bien gore, marqué par l'après 11-Septembre.


Clin D'œil :
George Romero a tourné de nombreux films d'horreur très réussis comme Martin (1977) et Incident de parcours (1988), mais son nom restera pour toujours associé aux morts vivants. Il faut dire que c'est lui qui, en 1968, a renouvelé l'imagerie du zombie en le coupant de toutes ses origines vaudou pour en faire une créature horrifique revenue d'entre les morts pour dévorer les humains transformés à leur tour en zombies dès la première morsure. Avec La Nuit des morts-vivants, tourné en noir et blanc dans une esthétique proche du documentaire, Romero a réussi l'exploit de faire rentrer le cinéma d'horreur au Musée d'art moderne de New York. Nourri de la rage de la fin des années 60 et de l'horreur de la guerre du Vietnam, son film dénonçait en outre le racisme et désacralisait l'image de la famille en montrant une fillette dévorant ses propres parents. En 1978, Dawn of the Dead, sorti en Europe dans un montage alternatif sous le titre Zombie, franchissait une étape supplémentaire dans le gore avec ses spectaculaires décapitations et éventrations en couleurs. Mais surtout, cette suite presque entièrement située dans un centre commercial dénonçait les dérives de la société de consommation.


Cette association du zombie et du politique s'est poursuivie en 1985 avec Day of the Dead/Le Jour des morts-vivants, qui s'en prenait à l'Amérique reaganienne et à ses héros militaires à la Rambo. On ne saura jamais quelle vision des années 90 auraient colportée les zombies. Faute de financement, le quatrième volet n'a pu être mis en chantier avant que le succès d'autres films de zombies comme L'Armée des morts, remake de Dawn of the Dead ne décident des producteurs à financer un nouveau Romero. Le cinéaste a alors repris un scénario qu'il avait bouclé juste avant la tragédie du 11 septembre pour y faire écho à la nouvelle donne politique. C'est ainsi que le personnage de Dennis Hopper est très inspiré par le Secrétaire à la Défense des états-Unis Donald Rumsfeld.


Le film regorge d'apparitions clin d'oeil, à commencer par Edgar Wright et Simon Pegg, les deux créateurs de Shaun of the dead, succès surprise récent en Angleterre (et ailleurs), qui parodie la tradition des films de zombies imposée par George A. Romero. Le cinéaste, impressionné par leur opus, leur a proposé de tenir le rôle de deux zombies (qu'on peut apercevoir chez un photographe). Notons également la présence de Tom Savini, illustre responsable des effets spéciaux et du maquillage sur nombre de films d'horreur. Fidèle collaborateur de Romero depuis Martin en 1977, il est occasionnellement passé devant la caméra pour des films choc comme L'Armée des morts, remake du Zombie de Romero.

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le 3 août 2019

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