De quoi doit-on retenir de l'année 2001 ?
Non, pas Ben Ladden ! Une véritable arme de destruction massive, carrossée d'une façon admirable tout en distribuant généreusement la mort et les balles dans son sillage. Devant ces 85 D de nitroglycérine, tous les barbus du monde ne font pas le poid pour marquer la rétine. Il se trouve aussi qu'à l'époque, j'étais jeune. Un ado pas encore pubère, qui n'avait pas encore eu la révélation La Mutante. C'est dire si cette affiche m'était resté longtemps dans la tête, jusqu'à ce qu'un jour, durant les derniers soubresauts de l'industrie de location vidéo, je découvrais la bête.
Bon, alors, c'est un navet grand luxe, qui met les ingrédients les plus médiocres dans les plats les plus rutilants, car on ne recule jamais devant le kitch pour faire un film d'aventures réussi, même si l'insertion du fantastique défie la logique (des statues qui bougent ? du thé régénérateur ? Des Illuminatis fanatiques ?). Il faut l'avouer, malgré la débilité totale du scénario et ses choix les plus idiots (Lara qui n'a aucun respect pour les objets ou sites historiques, le duel merdeux pour la capture du triangle), ce Lara Croft n'a rien de décevant, jouant la carte du spectacle totalement pop corn avec la générosité aveugle des années 2000, celles qui ont pu accoucher de Les anges se déchaînent ou Catwoman. Toutefois, on sent une petite implication dans la prestation d'Angelina Jolie, qui n'a probablement rien à voir avec ses millions de cachet : une partie de l'intrigue se déroule au Cambodge, dans cette Asie qu'elle et Brad Pitt affectionnent particulièrement. Malgré la stupidité des clichés orientaux (les moines qui disent des trucs simples avec du thé miraculeux, tout en laissant lara méditer sur un tapis de pétales de fleurs...), le décor crée l'exotisme, et on s'amuse sincèrement à découvrir ces lieux de tournages plutôt riches (le final et son kitch achèvent hélas le spectacle sur une note de budget un peu pingre). Dans une petite mesure, Lara Croft a réussi son pari, la plastique du personnage détonne à l'écran, et l'avertissement sur le danger Illuminati (qui utiliseraient à des fins criminels un triangle contrôleur de temps s'ils le pouvaient) a de quoi former les premières consciences politiques aux véritables enjeux du monde des adultes. Constamment mise en valeur par un savant jeu d'éclairage, cette poitrine accorte impeccablement moulée dans ce marcel sportif sait tirer, faire des roulades sans s'aplatir tout en assurant un équilibre parfait à sa propriétaire, qui transporte un sacré sac à dos. Avec une trame vieille comme le monde mais sûre de ses arguments (suivez mon regard), Lara Croft est clairement une bonne adaptation de Lara Croft, même si le cinéma saigne en voyant le bestiau sortir dans les salles. Tourné sans grand effort d'imagination, mais en déployant des moyens qui font plaisir, on se régalera les yeux sans soucis tous les 5 ans, en attendant la prochaine adaptation qui devrait sans peine nous faire oublier l'infâme Berceau de la Vie...