Je le craignais et ça se confirme : je suis en train de perdre Jason Reitman. Lui que je trouvais si pertinent et incisif avec ses « Thank you for smoking » et autres « Juno », voilà que revient le Reitman de « In the Air » et de « Young Adult » : celui qui devient de plus en plus consensuel, conformiste, univoque, limite réactionnaire... C’est dommage car le bonhomme reste un habile metteur en scène et il sait s’entourer (Kate je t’aime, comme toujours). Le casting est très bon et au départ j’y ai cru. Seulement voilà, deux choses ont empêché le plaisir au cours du film. D’une part il y a la bande annonce, que 'j'avais vu il y a longtemps mais dont je me suis malheureusement souvenu dès les premières minutes. Comme souvent, en ayant trop raconté, elle a totalement flingué l'intérêt du début du film qui, pourtant, aurait pu séduire pour l'ambivalence de la situation qu'il mettait en place. Mais bon, il serait bien injuste de tout mettre sur le dos de cette bande-annonce, car au-delà d'elle il y a tout le reste du film et la manière dont l'intrigue entend se dérouler. Très rapidement, on comprend que la charmante Kate et son fiston n'ont rien à craindre de ce charmant Josh Brolin qui, bien qu'il soit accessoirement un criminel, est en fait l'homme parfait sur Terre ; un vrai modèle de sagesse et de virilisme à l'ancienne. Comment ne pas lui faire confiance quand il nous demande de nous attacher à une chaise un bâillon dans la bouche ? C'est ça que je trouve totalement râté dans ce film, le propos avait de quoi rendre les scènes ambiguës, mais la réalisation tue toute possibilité d'ambiguïté. Non, Josh est cool et Kate a bien raison d'en tomber amoureuse dès la deuxième journée. Aucun questionnement n'est rendue possible sur la pertinence de chacun des personnages. On a juste droit à près de deux heures d'un film proche des pubs Herta où l'essentiel du propos se résume à « Oh y’a pas à dire : qu’il est bon qu’un homme soit à la maison ! » Accessoirement l'homme est un meurtrier, mais dans le monde merveilleux de Jason Reitman, pas un seul instant ça ne doit impacter la mièvrerie dans laquelle il cherche à noyer ses spectateurs. On a le droit de se complaire là-dedans, après tout pourquoi pas. Reitman n'est pas l'homme le plus maladroit derrière une caméra après tout. Mais bon, moi, des spectacles sans subtilité, sans marge laissée au spectateur pour qu'il puisse évoluer librement dans le film, ça m'ennuie. Ah il est bien loin l'auteur de "Juno" que j’aimais. Et j’ai bien peur qu’il ne reviendra jamais...

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le 1 oct. 2017

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