"When the legend becomes fact, print the legend". Cette phrase, tirée de L'Homme qui tua Liberty Valance, de John Ford, est devenue l'une des plus grandes citations de l'histoire du cinéma américain. Elle hante par ailleurs l'oeuvre de Clint Eastwood depuis J. Edgar et ces motifs ont trouvé leurs plus forts échos dans American Sniper en dépit de l’accueil glacial qui lui a été réservé


Mais là où la figure simplette, raciste et manichéenne de Chris Kyle dessinait en creux toute l’ambiguïté de la stature divine du héros, à l'américaine, Le 15:17 pour Paris en amoindrit la force. Car le véritable quotidien de nos trois jeunes hommes n'a tout simplement rien de discutable ou de scandaleux. Dès lors, on se demande bien ce que cherche à démontrer Clint Eastwood alors que John Ford scrutait avec maestria l'incommensurable honte de la vérité. Aucune similitude ne peut ainsi s'établir au moment même où la pélicule s'entête avec des perches à selfie, des soirées endiablées, des maladresses dans les plaines d’Afghanistan et une intégration difficile dans les institutions d'une jeunesse animée par l'amour du drapeau américain...Non, Le 15:17 pour Paris ne convainc pas.


Et à la fin, la communauté est censée se ressouder, dans des images déterrées des archives, autour des héros, qui impriment la légende en direct sous l’œil admiratifs des caméras du monde entier. Mais cette fois-ci, dans ce film très mineur, le cœur n'y est pas.

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le 7 févr. 2018

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Safrane 3000

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