First Class

Pourquoi s'échiner à rédiger une critique fournie, alors que Clint Eastwood lui-même n'a pas eu l'amabilité de creuser son sujet ?

On saluera tout de même l'évidente envie de réalisme du cinéaste, qui signe sans doute ici l'une de ses réalisations les moins abouties, en dépit de toutes les belles intentions qu'il a pu mettre dans son projet de brosser le portrait de héros ordinaires. Malheureusement, au-delà des dix minutes de reconstitution, on a du mal à suivre ce récit maladroit autour de la genèse de l'amitié des trois hommes qui ont évité la catastrophe du Thalys. Poussé à son paroxysme, le réalisme de l'œuvre devient parfois réellement gênant, et le film de vacances des trois jeunes hommes agace rapidement, entre beuveries et autres regards posés sur les courbes de chaque demoiselle qui croise leur route. Le récit s'étire inutilement, et la brièveté de l'événement ne permet pas à Eastwood de proposer un montage alterné convaincant, celui-ci avouant rapidement son manque de matière première.

De fait, Le 15h17 pour Paris échoue surtout dans la mesure où seule la séquence du Thalys revêt une once d'intérêt. Et encore, Clint Eastwood extrapole au possible ce qui s'apparenterait presque à non-événement en l'ornant d'une multitude d'autres non-événements qu'il ne parvient même pas à sublimer de son talent.

Un rendez-vous manqué.