Difficile d'accrocher au nouveau film de Mélanie Laurent

Nouveauté française sur Prime Vidéo, Le Bal des folles s'annonçait comme une curiosité puisqu'on retrouve l'actrice Mélanie Laurent au poste de metteure en scène. Ayant déjà fait ses preuves avec plusieurs réalisations durant la dernière décennie, son dernier long-métrage était donc attendu avec une certain intérêt. C'est donc Amazon, décidément bien actif sur son offre cinéma, qui a acquis les droits pour sa diffusion. Cependant, l’arrivée récente du film sur la plateforme de streaming s’accompagne d’une discrétion inquiétante. En effet, on constate une communication absente qui laisse présager un résultat décevant. Par ailleurs, il faut savoir que le film est l’adaptation du livre du même nom de Victoria Mas sorti en 2019. L’histoire nous présente le personnage d’Eugénie Cléry, jeune femme vivant dans une famille bourgeoise parisienne à la fin du XIXe siècle. Ce qui saute tout de suite aux yeux est le soin apporté à la retranscription de l'époque qui étonne par sa fidélité confirmant au passage une certaine maitrise de sa mise en scène de la part de Mélanie Laurent. Un constat qui se vérifiera dans les prochaines minutes voire tout au long du film. Cependant, en parallèle, on a bien du mal à cerner le projet dans cette introduction. Présentée comme une femme souhaitant s'émanciper à une époque très règlementée, cette héroïne tente de se détacher des codes de sa famille au risque de se mettre à dos ses proches. La caméra prend son temps (beaucoup trop ?) pour nous dépeindre l'histoire de cette jeune femme sans pour autant voir où le film nous emmène. Peu aidé par une lenteur dommageable, le long-métrage donne vite le sentiment de faire du surplace. Par conséquent, l'ennui pointe assez vite le bout de son nez du fait de ce démarrage poussif. Pourtant, le film distille quelques moments perturbants proches du fantastique qui ont le mérite de nous intriguer sur la suite des évènements. C'est traité malheureusement de manière trop faiblarde de sorte qu'on rentre difficilement dans le récit. On comprend finalement que cette femme est capable de communiquer avec les esprits des défunts. C'est pour cela qu'elle sera envoyée à l'hôpital Salpêtrière par son père. Le film change de ton et nous dépeint le quotidien de cet asile dans lequel les patientes sont sous la direction d'une infirmière en chef froide et distante interprétée par Mélanie Laurent. Après cette ouverture plutôt longue, la réalisatrice semble plus impliquée avec une description très crue dans cet univers parvenant à mettre en place une galerie de portraits à travers ces différentes femmes vivant dans des conditions parfois exécrables et considérées comme du bétail par des médecins peu scrupuleux. Le film prend progressivement une direction très dramatique avec une pointe de fantastique malheureusement peu exploité qui est même de plus en plus en retrait. Le film se focalise avant tout sur le travail de ses personnages et malgré une ambiance réussie, on ne parvient pas à ressentir les codes du fantastique malgré les révélations annoncées par cette jeune femme. C'est Lou de Laâge qu’on retrouve dans le rôle principal. On a pu voir l’actrice récemment dans l'excellent long-métrage Boîte noire. Malgré quelques fausses notes, sa prestation est à souligner. Face à elle, Mélanie Laurent, dans le rôle de cette femme de science convaincue sera finalement désorientée peu à peu par les pouvoirs de cette jeune femme. Si le duo d'actrices livre une prestation correcte, il manque cependant de lien entre elles malgré une attache grandissante. Considérée comme malade par les docteurs, cette femme sera finalement défendue par cette infirmière. C'est peut-être là que le film en devient intéressant et relance l’intérêt du spectateur pour suivre le récit de ses deux protagonistes féminines. Globalement, le rythme reste encore trop lent et malgré des séquences intéressantes qui apportent de l’épaisseur à l’histoire, il est difficile d'adhérer. Le récit n’en est pas la cause et se montre même solide. Ce sont finalement plus certains choix qui risquent de dérouter certains notamment d’aborder un ton minimaliste dans le fantastique. On a bien compris que le film cherche avant tout à construire ses personnages et même s’il le fait bien, on n’arrive que rarement à s’accrocher par ce que propose le film avec une narration beaucoup trop lente.