Quiconque cherchera un film fantastique avec gore et zombies passera à côté de ce chef-d'œuvre politique.
Politique par son analyse de l'aliénation de la femme, toute entière soumise aux diktat patriarcal, femme-objet de curiosité, femme-objet du désir malsain d'une classe bourgeoise masculine hypocrite, femme-objet de peur, sorcière, voyante, spirite.
Politique par la césure radicale opérée par le positivisme entre le corps, dans et par lequel opère la maladie, "soigné" par la détention et la torture ; et l'esprit, celui qui parle, ignoré du médecin, dans sa non-relation verticale, surplombante, toute-puissante.
Politique en nous faisant entendre que le soulagement des souffrances ne vient que de la solidarité des internées entre elles, des soins qu'elles se prodiguent mutuellement, et non des traitements barbares auxquels ces malheureuses sont soumises ; cobayes, comédiennes, hallucinées, simplement malheureuses, avilies, les mâles en frac les évaluent comme du cheptel, dissimulant leur désir pervers sous des prétextes scientifiques.
La mise en scène nous place en voyeurs, à portée des corps, témoins impuissants de pratiques cruelles jusqu'au sadisme le plus abject. Dans cet univers de désespoir, il n'est d'issue que dans la transgression des règles, dans l'entraide et l'évasion.
En creux, nous saisissons l'ampleur de l'humanité et du génie de Freud, la hardiesse du geste de retournement épistémologique plaçant le traitement par la parole au cœur de la thérapie de "maladies" qui se révèleront les symptômes de la dépossession des femmes de leur propre existence, par la violence du patriarcat.
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