DES CROCS QUI FONT ENCORE PLAISIR A VOIR
Brillant exercice de style qui renouvelle avec bonheur les productions de la Hamer qui commençait à suinter la naphtaline. L’esthétique toute en couleurs chatoyantes assure au demeurant la filiation avec la belle maison de production d’outre-manche. Le style de Polanski s’affirme déjà à travers ce subtil mélange des genres cinématographiques et cet art de l’ellipse en pointillé qui donne ce charme étrange, très caractéristique de son oeuvre dans ses deux décennies inaugurales, largement les plus inspirées. La truculence et le coté picaresque du couple du professeur et de son condisciple font un contraste heureux avec le personnage du vampire, à l’imperturbable sérieux, et donnent ainsi un cachet particulier à cette oeuvre baroque en en faisant bien davantage qu’un simple pastiche. Le coté purement divertissant, sans prétention outre mesure, s’il constitue la force du film, en signifie paradoxalement également les limites : malgré le remarquable soin mis à sa mise en scène l’auteur ne prend pas son affaire vraiment au sérieux, refuse du coup l’idée de personnages à la construction complexe, au profit d’une jouissance immédiate du spectateur.