Pas sûr qu’il soit complètement légitime de parler ici de chef d’œuvre, non, le film n’évite pas quelques maladresses, mais il a toutefois permis de révéler avec force l’immense talent d’acteur de Vincent Lagaf, quoiqu’on en dise, quel qu’ait été le destin de ce film.


Non, ce n’est pas le fidèle spectateur du Bigdil ou du Juste prix que je suis qui s’exprime ici, juste un passionné de cinéma qui se trouve littéralement abasourdi par les talents de comédien de Vincent Lagaf révélés par Le Baltringue. La chanson n’était pas son fort, on le savait, mais cet excellent animateur montre dans cette comédie enlevée l’immensité de son talent, pourtant peu reconnu. Peut-être était-il trop en avance sur son temps ?


Car Lagaf s’en sort comme un poisson dans l’eau, il s’assume tel qu’il est et nous fait partager son bonheur de jouer ce personnage un poil agaçant, ce qui donne tout son charme au film, un personnage tout en nuance, tout en finesse, que l’on apprend à découvrir, au-delà des apparences trompeuses, forcément. Guy n’est pas cet éléphant dans un magasin de porcelaine qu’on imagine de prime abord, non ! Lagaf montre ainsi l’étendue de son talent, d’autant plus qu’il fait lui-même des cascades à la Rémy Julienne !


J’ai lu qu’au bout de cinq semaines d’exploitation le film n’avait attiré en salle que 40 000 spectateurs. Un bide incontestable, « un bidet pour Lagaf » auraient affirmé certains persifleurs… Très fin… Je dois dire que je trouve cela terriblement injuste, pour Lagaf et pour le film, et c’est pourquoi je me dois de rendre justice à cette œuvre de qualité réalisée par le grand Cyril Lebas, euh, Sebas, pardon.


C’est à n’y rien comprendre ! J’entends bien que le film puisse ne pas plaire à tout le monde, notamment à ces cuistres guindés de la critique parisienne, mais tout de même, ses qualités évidentes auraient dû être perçues par le public. Les gens ne savent plus se lâcher aujourd’hui, on doit apprendre à se déconnecter du boulot, et se laisser aller à la franche rigolade que provoquent les magnifiques punchlines de Lagaf, Mais savoir apprécier aussi le deuxième ou troisième degré d’un humour qui peut être à certains moments beaucoup plus subtil qu’on ne l’aurait imaginé dans un film avec Vincent Lagaf. C’est peut-être cette capacité à utiliser toute la palette de l’humour qui a perturbé les spectateurs.


Car ce film, c’est d’abord un désir de cinéma, c’est ultra référencé, quel bonheur de voir Lagaf pasticher Al Pacino dans Taxi driver : « you are talking to me », quelle superbe idée, Lagaf est génial, peut-être même meilleur que son aîné, c’est pas peu dire !


Un désir de cinéma, mais aussi un ton décalé, qui reprends les codes de films de plusieurs genres pour les détourner avec intelligence et habileté. Pour vous faire une comparaison, on est un peu dans le ton de la série « Au service de la France », qui est passée sur Arte, sauf que Le Baltringue précède la série de 5 ans, et oui ! Je ne parlerai pas de plagiat, ce serait exagéré, mais on voit tout de suite où les auteurs d’Au service de la France ont trouvé leur inspiration…


Le film est aussi énorme sur le plan des scènes d’action, James Bond peut aller se coucher quand on voit Lagaf et son acolyte en pleine course poursuite avec des voiturettes de golf, c’est énorme, que dis-je, génial. Les mafieux russes sont super originaux, on n’en a jamais vu des comme ça. Et que dire de ce duo joué avec Philippe Cura qu’on avait vu dans Caméra café, classique mais magnifique mariage de la carpe et du lapin ? Enfin, sur le plan technique, et bien que le film n’ait coûté que quatre millions d’euros, Le Baltringue n’a rien à envier aux blockbusters américains. Il n’est que de remarquer la qualité des images prises sous l’eau, absolument extraordinaires : on n’a jamais vu ça pour un plan d’eau douce, on se croirait en pleine mer !


Bref, c’est un véritable scandale, le film n’a pas obtenu le juste prix qu’il aurait mérité, rendez-vous compte, il n’a même pas été retenu à Cannes, véritable cité de la peur !!! C’est nul, nul, nul nul !!!


Pour moi, avec Le Baltringue, on atteint pourtant des sommets, ce film est allé plus loin que Capra : quand je le vois, la vie est encore plus belle que quand je vois La vie est belle. Putain, il place la barre haut, Vincent, encore plus classe que James Stewart, faut le faire !


Bref, vous l’avez compris, ce film est un véritable coup de cœur.

socrate
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le 1 avr. 2019

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socrate

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