Le Bois dont les rêves sont faits par PolaireFerroviaire

Claire Simon filme le bois de Vincennes et ceux qui le fréquentent tout au long d’une année. C’est un vrai microcosme de la marge qu’on y découvre. De la marge car s’y dévoilent ce qu’on ne dit pas, voire ce qu’on ne vit pas en-dehors de cette zone : des situations de misère et de précarité, des activités économiques ou personnelles tabous, des paraphilies, des fantasmes, des rêves, des pensées…

Le bois est beau. Claire Simon arrive à dévoiler cela, à nous faire dépasser une absence de regard vers un paysage quotidien et banal, par des plans larges longs et silencieux. Et chaque individu a sa grandeur. Claire Simon parvient à développer une proximité et une confiance extraordinaire de ses protagonistes, pour qu’ils lui livrent une telle intimité. Ils donnent toujours une analyse pleine de finesse, d’intelligence, de philosophie de leur activité au Bois de Vincennes. Les destinées sont multiples, singulières. C’est toute l’humanité dans une grandeur -que nous nous dissimulons la plupart du temps car nous ne regardons pas et nous ne partageons pas - qui nous est offerte par le regard et par l’écoute patients de Claire Simon.

Seul bémol : le film est long (je l’ai regardé en plusieurs fois). Mais cela est nécessaire pour vraiment voir, notamment pour observer le temps qui passe.